Décembre - 11 / TW

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TW : Mutilation, Sang, Autodestruction, rappel de propos racistes

(Malgré tout ça, je vous promets, il est chouette. J'ai mis mon temps, parce qu'en ce moment, je suis affreusement fatiguée. La musique au-dessus est très sympa aussi, et elle est à écouter quand vous lisez "Such a Night")


Depuis que je suis enfant, j'apprécie particulièrement les fêtes de Noël. Je suis proche de ma famille et j'aime passer du temps avec elle. Nous jouons de la musique, nous décorons le sapin quelques jours avant celui des cadeaux et nous illuminons la maison. C'est une tradition que nous reprenons du côté occidental de la famille. Le Nouvel An, lui, se fait dans la tradition japonaise, dirigé par la main de maître de ma mère. Tous les ans, c'est ainsi que les fêtes se passent chez les Tanaka.

Nous sommes donc le vingt-trois décembre et c'est le jour de la décoration. Mes parents sont contre les sapins que l'on arrache à leur environnement forestier, si bien que nous disposons d'un sapin en plastique, qu'il suffit de sortir de sa boîte. Il fait un mètre vingt de hauteur, ce qui n'est ni petit ni gigantesque. Les guirlandes et autres boules sont également amenées sur la table de la salle à manger, dont nous ne distinguons plus la couleur originale. Tout le monde y met du sien et la boutique est fermée, comme tous les ans. Les commerciaux pourraient dire à mes parents que c'est une erreur, car la veille de Noël est une manne pour les petits commerces. Mais nous, nous ne sommes pas comme tout le monde. Nous reprenons le vingt-cinq dans l'après-midi, mais nous fermons le vingt-trois.

- Eliot, tu as une petite mine. Tu n'as pas bien dormi les jours derniers ?

Mon frère s'inquiète tout à fait pour moi. Il est vrai que lorsque je suis rentré de chez Valentin, hier en fin de matinée, je n'ai parlé à personne. À vrai dire, j'ai été silencieux au seul repas que j'ai accepté de prendre et j'ai feins un mal de crâne pour éviter celui du soir. En réalité, j'avais les yeux fixés sur le toit de la serre, tentant de reprendre contenance et de remettre les pieds dans le réel. J'avais la chanson de Valentin dans les oreilles, couplée à The Sound of Silence, que je trouvais appropriée pour pareille circonstance. Je ne pleurais pas, je ne faisais que respirer en évitant pertinemment de penser à ma main estropiée.

L'idée m'était revenue. Je savais que ce n'était pas bien, que ce n'était pas la solution. Mais je voulais sentir quelque chose. Je n'avais pas de lame de rasoir chez moi, mais je disposais d'un compas, que nous utilisions auparavant dans nos cours de mathématique. Je m'étais placé dans la douche, faisant semblant de me laver, et je m'étais piqué les cuisses en espérant ressentir quelque chose. Les sensations étaient venues, en même temps que la culpabilité. L'heure d'après, j'avouais tout à Valentin dans un appel désespéré.

- Tu me l'as dit toi-même. Les rechutes, ça arrive. Tu ne vas pas bien. On fait des choses complètement débiles quand on ne va pas bien. Je sais de quoi je parle.

- Mais je sais qu'il ne s'agit pas de la solution miracle. C'est une mauvaise chose.

- Écoute, j'ai parlé de toi avec ma psychiatre. Elle m'a donné le numéro d'une de ses collègues qui pourrait te comprendre. Elle est en vacances en ce moment avec sa famille, mais je te donne le numéro. Et si ça ne va vraiment pas, je t'amène à l'hôpital.

- À l'hôpital ?

- Pour que tu sois pris en urgence. Parce que tu as un comportement autodestructeur. Exactement comme moi. Je n'ai pas envie que tu ailles jusqu'aux mêmes extrêmes que moi. Et ne me dis pas que ce n'est pas pareil, parce qu'on peut y arriver très vite.

- Est-ce que... est-ce que je te fais peur, Valentin ?

- Bien sûr. Tu as réagi de la même manière au mois d'octobre. Je n'ai aucune envie de te perdre et j'aimerais faire tellement plus pour t'aider. Mais je me sens...

Ciel d'été [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant