Février - 9

1.4K 179 100
                                    

On se retrouve en bas pour du bla-bla, parce que je crois que j'ai besoin de causer un peu et que je n'ai pas envie d'écrire un pâté ici.

Nous passons par les quais de la Seine pour revenir par les stations de métro qui nous ramèneront vers l'appartement. Nous croisons la route de bouquinistes, présentant leurs ouvrages aux passants. Curieux, nous nous arrêtons devant quelques-uns, feuilletant les manuscrits, répondant aux questions des vendeurs. Je craque, à l'aide du reste de mes économies, pour un vieux recueil de poésie française. Valentin achète un présent pour notre bibliothécaire favorite et demande à le faire emballer par un vieux monsieur très curieux. Les deux discutent pendant de nombreuses minutes, sous mon regard amusé et attendri. Lorsque nous repartons, le jeune homme place ses deux mains dans son dos et s'adresse à moi joyeusement.

- Cette ville est vraiment magnifique. Je ne me lasse pas de l'observer. C'est cliché, hein, mais je n'en ai rien à faire. On est des touristes, on a le droit d'être clichés.

- Veux-tu continuer à te promener au lieu de rentrer dans l'appartement ?

- Bah... t'as pas un programme pour la journée ? Des trucs réglés comme du papier à musique ?

- Aujourd'hui, les fausses notes ne me dérangent pas. Mais si tu veux que la symphonie soit complète, il faudra rentrer avant dix-huit heures.

- Je vous fais confiance, monsieur le chef d'orchestre.

En un sourire, il me présente sa paume. J'hésite longuement devant, puisque nous sommes toujours en ville, dans un quartier que nous ne connaissons que très peu.

- Je ne te force pas Eliot, ce n'est qu'une proposition. Tu peux tout à fait me dire non si tu ne le sens pas, si tu as peur. Et ne culpabilise pas parce que c'est notre Saint-Valentin.

- J'ai réellement envie de te prendre la main Valentin. Alors je vais le faire en tout état de cause.

Nos doigts se lient en un rien de temps et nous repartons vers une promenade dans le froid parisien de février.

***

Lorsque nous rentrons, j'envoie directement le blond à la salle de bain, en lui demandant de se faire plus beau qu'il ne l'est déjà. J'ai eu le droit à une véritable tomate vivante en face de moi, tomate devenue subitement silencieuse après ma question. Je souffle de soulagement lorsque j'entends enfin l'eau couler. Là, je glisse sur le sol à grande vitesse afin que tout soit prêt pour le diner. Réchauffer les plats, dresser la table, et me laver à mon tour dans la salle de bain de Pedro, qu'il me prête gracieusement. Je manque de me cogner dans de nombreux meubles, et je m'asperge légèrement trop de parfum dans la précipitation. Mais le résultat est là, je suis entièrement prêt lorsque Valentin sort de notre chambre.

- Eliot ? Où est-ce que tu es ? Tu me prépares quoi encore ?

- Viens dans la cuisine, s'il te plait. C'est là que tout se passe.

Je joue au mystérieux et j'apprécie fortement ce rôle. Je suis plus ou moins assis contre la table de la cuisine, de manière langoureuse - du moins, je l'espère. Cela renforce l'air que j'essaie de me donner, et créer une tentative de séduction. Au vu de la tête de Valentin lorsqu'il apparait dans la cuisine, j'ai totalement réussi.

- La vache, ce que t'es beau. Et j'ai même pas envie de m'excuser pour ma franchise, parce que, bon sang ce que c'est vrai.

- Je tiens à dire que tu n'es pas mal non plus. Cette chemise bleue te va magnifiquement bien. Elle rehausse la couleur de tes yeux.

Il me sourit malicieusement et se rapproche de moi, le doigt sur la joue. J'accepte la demande silencieuse et l'embrasse avec joie. Se retenir une bonne partie de la journée fut quelque peu compliqué - mais nécessaire pour que nous soyons tranquilles. Ici, nous pouvons être complètement nous. Si bien que nous oublions de respirer et de nous alimenter.

Ciel d'été [BxB]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora