Chapter 81

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Bonjour les fan·e·s de Hakan !

Plus sérieusement, je force mon bonheur en écrivant cet introduction, mais c'est surtout pour vous prévenir de prendre des mouchoirs. En effet, nous entrons dans l'un des pires extraits que l'on puisse imaginer dans UCI. 

Moi-même, j'ai eu beaucoup de mal à l'écrire, à le corriger, à le relire. Ce chapitre m'aura éprouvée jusqu'au bout. Je ne suis pas fâchée de le laisser derrière moi. 

Autre chose, plusieurs indices et références se cachent dans ces chapitres (oui, les deux à venir,) mais les trouverez-vous ? J'avais besoin de faire cela pour ne pas plonger dans une profonde dépression, tant les lignes qui vont suivre m'ont faite énormément de mal. 

Malgré tout, je vous souhaite une très bonne lecture (enfin, aussi bonne qu'elle puisse l'être.)


— Tu en as mis du temps ! S'écrie John quand je sors enfin de la boutique.

— Disons que je n'ai pas pu résister en voyant les marchandises, je me suis que je pourrais allumer cela sur la stèle de mes parents. Et sur celle de Klaus aussi...

— Et pour qui est la quatrième ? Se renseigne Sherlock en prenant le soin délibéré d'éviter les sujets qui fâchent comme mes hallucinations.

— Il y avait une promotion, alors j'en ai pris une pour moi.

Je lui tends le pot de cire blanche incriminé. Mon colocataire opère de la même manière que moi, il décode d'abord le nom de la fragrance avant de regarder la composition.

— C'était prévisible, m'offre-t-il comme seule réponse. Vous êtes indéniablement d'une sensiblerie gigantesque.

Pourtant, quand il me rend l'objet pour que je le re place correctement dans le sac en papier du magasin, je vois que ce n'est pas un reproche. Bien au contraire...

— Quoi ? Ne peut s'empêcher de s'impatienter John. Qu'est-ce qui est prévisible ? Il y a encore quelque chose qu'on ne m'a pas dit, quelque chose que j'aurai oublié ?

— C'est rien, j'essaye de le radoucir. C'est juste une bougie au chèvrefeuille. Allons-y, à force de tarder, Quentin et Charles risquent de s'impatienter. Il ne manquerait plus qu'ils appellent les autorités pour partir à ma recherche.

— Connaissant l'inquiétude naturelle que ces deux hommes ont pour vous, observe mon cohabitant en reprenant la route, j'aurais tendance à croire qu'ils appelleraient aussi les pompiers ainsi que tous les services d'urgences de la ville.

— Et vous croyez bien, je lui accorde en levant les yeux au ciel. Un jour, je les appellerai papa et cela ne les étonnerait même pas !

Nous marchons jusqu'au cimetière qui, heureusement, n'est pas très loin de l'endroit où j'ai forcé tout le monde à atterrir. Nous étions à un seul arrêt de notre destination.

Devant l'entrée, Sherlock attend sans tenter de m'accompagner, ni même d'insister pour être présent. D'ailleurs, il m'assure qu'il va faire son petit tour avec Baron, presque trop content d'avoir mon chien comme accompagnateur, tel un enfant qui trépigne d'aller essayer son nouveau jouet.

J'ignore pourquoi, mais à l'intérieur de moi, cette séparation me déchire. Si on retire Klaus de l'équation, je laisse derrière moi mon gardien de toujours, le rhodesian ridgeback, mais aussi la personne pour qui mes sentiments se renforcent de jour en jour, sans jamais l'avoir réclamé. J'aurais bien besoin d'eux pour affronter la douleur qui m'attend de l'autre côté de ce cimetière. Malgré cela, je renonce à leur compagnie, par simple fierté. L'espace d'un instant, je me dis que c'est cela, la véritable folie : d'être trop orgueilleux.

— C'est par où, exactement ? Demande John qui essaye de se repérer dans ce dédale de tombes.

— Un peu plus loin, c'est le caveau que mon grand-père paternel a fait érigé il y a un moment, nous avons le droit d'y entreposer douze membres de notre famille. Je suppose que c'est également ici que je vais terminer, fatalement.

— Ca fait une grande réunion de famille, admet le médecin pour alléger l'atmosphère pesante.

Plus j'avance vers le bon endroit, plus mon estomac se tord. J'avais déjà des nausées, mais cette fois-ci, c'est encore pire. Je ne veux pas être ici, je veux m'enfuir de ce satané lieu. Le long du chemin, je me répète sans cesse que je n'y reviendrai plus, plus jamais. En tout cas, pas avant de fermer les yeux définitivement.

— Hakan ? Insiste mon accompagnateur alors que je conserve le silence.

— Nous y voilà, j'indique pour ne pas à avoir à parler de moi. C'est à gauche, après cette allée.

Je n'y suis jamais venue souvent, nous n'étions pas adeptes des visites au caveau, quand j'étais enfant. Sans compter que nous oscillions sans arrêt entre deux villes. À vrai dire, je n'étais pas capable de me rappeler du chemin jusqu'au jour de l'enterrement de mon père et de Klaus. Ce fameux jour, malgré l'été, il faisait frais, la bruine m'avait trempée... Je me rappelle être tombée malade juste après. Seulement, je ne voulais pas me cacher sous un parapluie pour dire au revoir à ma famille : aucune larme, mais aucune fierté de ne pas en avoir versé.

— Waw, s'exclame John en me voyant m'arrêter devant le caveau. C'est un vrai mausolée ! Tu es sûre que c'était seulement pour douze personnes ?

— Je n'ai jamais dit ça, je rétorque.

Je dois lui accorder que la façade est imposante. En largeur, notre caveau compte pas moins de quatre emplacements pour des pierres tombales ordinaires. La chapelle funéraire est en pierre calcaire grise, avec quelques pierres bleues qui modèlent trois marches. L'édifice de style éclectique ne mesure pas moins de deux mètres, si on compte la pente raide du toit. Sur la devanture, au-dessus de l'entrée bouchée par une solide grille en fer forgé, se dresse le nom de notre famille en lettres gravées : SELENS.

De part et d'autre de la chapelle sépulcrale, deux jardinets, également bordés de fer forgé. Les parterres étaient, jadis, jonchés de bruyères, le lierre étouffait le sol et courait sur toutes les surfaces du caveau. Déçue que tout parte à vau-l'eau, j'ai demandé à Charles qu'on entretienne un peu plus les vestiges de notre famille.
Aujourd'hui, ces deux terrains en friche son bien plus agréable à regarder : ils ont été recouverts de gros galets blancs. Deux rosiers ont élu domicile, mais la neige et le froid ne nous permettent pas d'en profiter pour le moment. En revanche, nous avons laissé le lierre recouvrir les murs et le toit de la chapelle, afin de laisser les insectes y trouver refuge. Quelques vivaces ont été installées dans les jardinets, çà et là, des plantes qui ne demandent ni arrosage, ni entretien. Charles voulait aussi ajouter des cloches de verre dans lesquelles nous pourrions ajouter des fleurs de soie, mais je redoutais les vols multiples, alors j'ai abandonné cette initiative. 

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now