Chapter 31

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Chose promise, chose dûe.

Et pour la musique, on en reparle à la fin, d'accord ? Car, là, vous avez presque 2700 mots à lire ;)

Si vous arrivez à le déceler, car il est bien discret, y a du mignon ! Mais non, je spoile pas !

Âmes sensibles qui détestent la vue du sang ou des aiguilles, sachez que j'ai fait de mon mieux pour vous épargner. ♥


L'appel du chirurgien est intervenu au moment où nous demandions l'addition. Nous nous sommes empressés de sortir pour rejoindre la salle où m'attend Whitesorrow. Non, je n'échapperai pas à la « petite intervention de routine.» Je l'espérais encore, en dépit de tout.

Vous savez, nous possédons tous un instinct de survie. Notre cerveau est prêt à tout pour ne pas mourir, c'est ce qui nous lie à tout être vivant : l'envie de vivre. Non pas que je vais perdre la vie d'ici les prochaines heures, que tout le monde se rassure ! Seulement, j'invoque le fait que notre corps lutte malgré nous, s'angoisse malgré nous, nous trahit malgré nous.

C'est ce qu'il se passe à l'instant. Ma gorge me serre, j'ai des hauts-le-cœurs, j'ai envie de pleurer. Et après ? Il faut agir en digne Selens, que croyez-vous ! Alors je me dirige vers c'est foutue salle de torture en gardant toute ma prestance. Je suis terrorisée à l'idée de la douleur qui m'attend, car rien ne pourra m'en soulager pendant plusieurs jours.

– Hakan, vous avez froid ? s'enquiert mon colocataire.

– Non, je tranche froidement.

Je resserre ma main gauche sur ma canne, me concentrant sur mes dents qui claquent : ce détail me dessert, m'accuse, me cocufie même ! Je ne veux pas y aller. Non, j'ai peur d'y aller.

Dans le bâtiment, j'emprunte les bons couloirs. Je sais où on m'attend. D'instinct, je retrouve une petite pièce qui appartient au département des urgences... c'est là. Je frappe à la porte. Ce n'est pas Whitesorrow qui m'ouvre, mais je l'aperçois en arrière-plan, en train de se préparer.

– Mademoiselle Selens. On n'attendait plus que vous, déclare l'infirmière qui me regarde.

– Je suis prête, je mens sans sourciller.

– Votre ami vient avec vous ?

Mince ! J'avais complètement oublié de lui en parler ! Stupide Hakan, tu deviens stupide !

– Vous pouvez me laisser une minute pour lui en parler ? Je propose.

– Comme vous voulez, s'en moque la dame en haussant les épaules.

Elle referme la porte aussi sec, pour me laisser discuter avec Sherlock un court instant. Je ne sais pas ce que je crains le plus : qu'il accepte ou qu'il refuse. Dans le premier cas, il devra assister, impuissant, au calvaire que je vais subir. Oui, d'accord, il restera de marbre, je m'en doute. Je ne vais pas vous cacher que c'est un peu sur cet aspect que je compte !

Il pourrait m'attendre à l'extérieur, je ne lui en voudrais pas non plus. Ce ne serait pas le premier. Mon père non plus, il n'a jamais assisté au calibrage des prothèses qu'il avait pourtant subventionnées. Quant à Klaus, la première fois qu'il est venu, il n'a pas tenu cinq minutes avant de quitter la salle. Je ne l'ai même pas vu fondre en larmes quand il m'a rejointe, l'opération terminée.

Ce qu'on s'apprête à me faire, je doute que ce soit toléré par l'éthique des médecins. Bien que le serment d'Hippocrate ne soit pas une priorité dans l'immédiat, j'en suis consciente. Le détective n'attend pas pour comprendre ce qu'il va m'arriver, mais il m'accorde le temps de parler la première.

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now