Chapter 18

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La nuit m'a paru courte, très courte. Sans doute à cause de mon sommeil agité. Finalement, je n'ai pas su attendre neuf heures : je me suis levée et habillée, avec les mêmes vêtements que la veille, enfilant par-dessus ma fameuse chemise à carreaux.

Je descends sans canne, sur la pointe des pieds. Une fois dans la pièce, je cesse de respirer pour mieux écouter. L'appartement est tellement calme, on dirait presque le manoir que j'ai quitté. Si je n'avais pas si mal dormi, je pourrais douter de la présence de Sherlock dans la chambre d'à côté.

Autant préparer quelque chose pour le petit déjeuner, puisque je dois rentabiliser les heures que j'ai décidé de ne plus dormir. De plus, mon colocataire pourrait s'éveiller lentement sous l'odeur de la nourriture. J'ignore si ça lui fait plaisir, ce genre de chose, mais après la soirée qu'on a passée, ce serait sympathique de lui rendre la pareille.

Le texto de la veille m'a semblé être un rêve jusqu'à ce que je revérifie au cours de la nuit. Plusieurs fois. Les cinq lettres qui dansaient au-dessus du texte me faisaient presque peur : Klaus. Je n'avais jamais eu le courage d'effacer son numéro de mon répertoire. En revanche, j'ignorais qu'il était resté en mémoire en changeant de téléphone. Ni celui de mon père... Je n'étais pas encore prête à leur dire adieu, car malgré tout ce que vous pouvez bien penser, je les appréciais un peu tout de même. Lawrence reste mon père, Klaus a été un confident et mon mari pendant environ un an. Alors oui, j'ai été affectée par leur disparition à laquelle je n'étais pas du tout préparée.

Je lance la playlist de mon téléphone pour me concentrer davantage. Chanter (même fredonner) me permet d'avoir les idées claires. The Rasmus (nda : petit clin d'oeil à Black Angels, que vous n'avez peut-être pas lu) en particulier. Que puis-je lui trouver, à ce groupe ? Parfois, il ne faut pas chercher plus loin... Ça aussi, c'est une découverte que j'ai connu grâce à mon cousin Klaus.

J'ignore si c'est le bruit que je faisais dans la cuisine, mais le détective est entré dans la pièce. Je lui tourne le dos, il suffit qu'il regarde mon visage pour voir que j'ai mal dormi et que quelque chose me perturbe. Franchement, je ne veux pas jouer aux devinettes maintenant ! De toute façon, je suis trop occupée à me battre avec la vaisselle pour le regarder tout de suite !

– Vous ne dormez plus ? demande-t-il.

– Bonjour, Sherlock. Non, je ne dors pas.

– Vous avez fait du café ? remarque-t-il incrédule.

– Quelle perspicacité, dis-je ironiquement, Vous en voulez ? Servez-vous.

Je dépose une tasse propre sur la table. C'est à ce moment précis que j'ai enfin accordé un regard à mon colocataire... à moitié nu ! Comme si de rien n'était ! Même mon propre frère ne s'est jamais présenté en caleçon devant moi. Quant à Klaus, alors que nous partagions tout, s'est toujours déshabillé dans la salle de bain pour respecter notre intimité à chacun. Non, je ne suis pas énervée, je suis juste sous le choc. Bon, j'admets, je suis peut-être irritée. Calmez-vous, j'ai dit "peut-être" !

– Ça va ? je réplique indignée, Pas trop froid ?

– Non, tout va bien.

Sherlock se sert sa tasse de café noir et ajoute deux sucres sans même s'émouvoir. De mon côté, je suis toujours aussi scandalisée qu'il soit dans cet état. De l'autre... Je ne peux pas m'empêcher de regarder, comme si mes yeux étaient collés à ce foutu tableau ! Je suis incapable de dire si c'est parce que je trouve cela navrant ou tentant.

– C'est du sarcasme ! je m'emporte, Vous auriez au moins pu enfiler une chemise. Vous diriez quoi si je me baladais en sous-vêtements dans toutes les pièces ?

Une colocataire irascibleDonde viven las historias. Descúbrelo ahora