Teaser

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Avouez, vous êtes surpris·e·s, non ?

On se retrouve ici pour un petit avant-goût de la suite. Sans contexte si ce n'est le point de vue qui est utilisé. Celui de Sherlock. 

Comme d'habitude, je vous laisse à vos remarques, vos suppositions, vos demandes, théories... 

Merci pour tout, vous avez tant fait pour que Hakan soit un être à part entière... ♥

Bonne lecture !


Sherlock 

Je vois bien les chaussures moches, mais confortables, qu'il porte. C'est synonyme de voyage. Il embarque en avion avec cette paire pratiquement à chaque fois qu'il utilise ce mode de transport. Il s'invente de la rétention d'eau quand il est en hauteur. Mon frère préfère cela à reconnaître qu'il a grossi.

— Je ne sais pas encore la destination, mais tu as besoin de moi quelque part, deviné-je.

— Je retourne à Bruxelles, cher frère. J'osais espérer que tu serais assez raisonnable que pour accepter de m'accompagner.

Si Hakan avait été là, elle rétorquerait certainement qu'être raisonnable n'avait jamais été dans mes gènes. Je donnerai beaucoup pour entendre encore ne serait-ce qu'une de ses remarques acerbes.

— Tu sais que je vais refuser, admis-je, comme toutes les fois où tu m'as réclamé la même chose. Encore et encore pendant... Combien de temps, avais-tu compté, déjà ? Ah oui, presque trois mois. En réalité, ça ne fait que 72 jours.

— Cette fois, il y a quelque chose de différent, dans ma demande, précise mon aîné. Sherlock, nous avons la chance que le procès ait lieu dans quelques jours. Ta version des faits, ton témoignage... Il pourrait peser lourd sur l'issue de celui-ci !

— Je ne fais pas ce genre de chose. Ce n'est pas dans mes cordes.

— Dans tes cordes ou pas, Sherlock, pour l'amour du ciel, quelqu'un est mort dans ce manoir, cette nuit-là ! C'est grave ! Tu peux au moins, s'il te plaît, agir comme un adulte, pour une fois ? La moindre des choses, pour Hakan, ce serait que tu...

— Tu crois que je ne le sais pas ? éclaté-je en tapant du poing sur l'accoudoir du fauteuil. Tu penses que j'ai pu effacer ne serait-ce une seule seconde de ce qu'il s'est passé là-bas ? En réalité, j'y ai songé. Oublier. Même volontairement, j'en suis incapable. Les mêmes images tournent en boucle dans mon esprit, Mycroft, nuit et jour. Je sais ce qu'il s'est passé ce soir-là. Je le revis sans cesse depuis. Et toi, tu veux que j'aille devant un jury et que je raconte encore cette même scène que, j'avoue, je cesse d'effacer de ma foutue mémoire ? Alors, si pour toi, m'épargner cette peine inutile, c'est refuser d'agir en adulte, alors tant mieux ! Je préfère de loin rester puéril et au chaud chez moi.

La colère. À chaque fois que je pense à cette nuit de la Saint-Sylvestre, je ne peux m'empêcher d'entendre les coups de feu, de revoir le corps de Hakan au sol, à me regarder... La colère refait surface à cet instant, car je ne parviens pas à être triste. J'aurais aimé être triste. Ça ne fonctionne pas : je reste terriblement en colère, contre le monde entier. J'ai refusé de parler pendant une semaine après cet évènement.

Ces mots glissés dans l'oreille de Hakan, ma déclaration, cela avait eu tant d'impact sur moi.... Rien d'autre qui aurait pu sortir de ma bouche après cela aurait pu avoir un sens. Pas autant que lui avoir dit très clairement « Je vous aime. »

— Hakan aimerait certainement que tu interviennes, dit mon aîné d'une voix étrangement douce. Si elle signifie quelque chose à tes yeux, bien évidemment. Tes habitudes te trahissent, petit frère, tu passes ton temps à l'attendre entre ces quatre murs, tu lui parles sans qu'elle ne soit dans la pièce. Elle te manque.

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now