Épilogue

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Voici un petit supplément pour vous : l'épilogue qui vous révèlera pourquoi Hakan brise le quatrième mur. 

Bonne lecture !

Qu'est-ce que je fais là, au juste ? Comment je me suis retrouvée ici ? Je ne reconnais pas les lieux. On dirait bien la bibliothèque dans laquelle on ne va jamais, au manoir. Néanmoins, elle semble différente. La pièce est plus grande, j'y retrouve d'autres meubles, comme les fauteuils Chesterfield du bureau de mon père que j'aime tant. Et là, près de l'unique porte de la pièce, c'est l'établi que j'ai à la grange. Oh, et au milieu de tout, je reconnais parfaitement ce sofa qui a abrité tant de mes insomnies, dans le salon de Baker Street.

C'est quoi, ce puzzle ? Bon sang, qu'est-ce qu'il se passe ?

Une minute, de quoi je me souviens, au juste ? Je tente de revenir sur mes dernières réminiscences.

Sherlock.

Ses mots, ses ordres, ses supplications.

La lutte contre l'endormissement.

Leif.

Les pleurs. Le transfert du mot de passe. Ma promesse.

Le coup de feu.

La détonation. La brûlure. Le froid.

Mon Dieu, oui ! On m'a tiré dessus !

D'instinct, je porte ma main à l'endroit où j'ai été touchée. Rien. D'ailleurs, je remarque en faisant ce geste que je n'ai pas de canne.

J'avais pourtant bien une canne. Elle était tombée non loin de moi. Je tourne sur moi-même en regardant le sol, pour comprendre où j'ai pu l'égarer.

— Tu n'en as pas besoin, ici, me dit une voix dans mon dos.

Je me tourne et, l'espace d'un bref moment, je crois avoir affaire à un miroir. Une femme à la peau pâle et presque livide si elle n'était pas si parfaitement maquillée, avec soin et naturel, d'un doigté assuré. Ses boucles noires et épaisses qui semblent indomptables, en cascade, qui tranchent avec cette pâleur éclatante. Ce qui change, ce sont les yeux de cet étrange reflet : bleus et intenses qui ne ressemblent en rien à l'acier des miens. Je crois commencer à comprendre. J'obtiens confirmation en regardant brièvement les mains de ce que je prenais pour un miroitement : six doigts.

— Maman ? Dis-je alors que ma voix se brise.

L'être que je présume être ma mère, hoche positivement la tête et s'approche, tendant les bras. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Je la pousse et serre les poings.

— Même avant, dit-elle, tu n'aimais pas autant les gestes d'affection que ton frère. Je vois que ça n'a pas changé, de ce côté-là.

— Qu'est-ce que tu en sais ? T'es partie quand j'avais sept ans, qu'est-ce que tu peux savoir de celle que je suis devenue ?

Je serre les poings.

— À t'entendre, on dirait que c'est un reproche, me lance-t-elle dubitativement.

Ne sachant vraiment que répondre à cela sans être insultante, je décide de changer de sujet.

— Où je suis ? Qu'est-ce que je fais là ?

Elle se contente de hausser les épaules, avec cet éternel sourire, cet air de défi qui signifie « cherche par toi-même. » Tout à coup, j'ai l'impression de reconnaître un peu de mon colocataire dans cette moue.

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now