Chapter 5

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La soirée s'est plutôt bien passée, j'ai enfin pu manger à ma faim ! En revanche, je me suis précipitée pour rentrer. John tenait à me raccompagner, mais j'ai préféré qu'il retourne auprès de sa fille. N'ayant moi-même pas passé énormément de temps avec mon père, je ne supporte pas d'enlever cela à un enfant. Je suis un monstre, mais pas de ceux qui se cachent dans les placards pour traumatiser les têtes blondes jusqu'à la fin de leurs jours.

En passant la porte d'entrée, j'entends une mélopée qui s'échappe de l'appartement. Je me permets de pénétrer dans la pièce pour étancher ma soif de curiosité. Sherlock joue du violon, absent de tout. Je connais déjà cette attitude... Leif ignore complètement le monde qui l'entoure quand il réfléchit. De peur d'interrompre le musicien, je reste sur le seuil à l'écouter.

J'ignore combien de minutes j'ai passé à regarder, à savourer chaque note comme on déguste un délicat macaron. Quoi qu'il en soit, il achève sa mélodie et se retourne directement vers moi. Je me sens obligée de m'excuser, mais je ne le ferai pas : ma présence l'a-t-il poussé à cesser ?

– Non, ne vous arrêtez pas, dis-je, C'était grandiose.

– Vous êtes là depuis longtemps ?

– Pour tout vous dire, je n'en sais strictement rien. Vous jouez sans discontinuer depuis longtemps ?

Il ne me répond pas et range l'instrument. Je me sens un peu de trop, je cherche un sujet à aborder. Si je dois passer du temps sous le même toit que cet homme, autant essayer de briser la glace. Oh, oui, mon sac en papier ! Je le pose sur la table et nous nous observons quelques instants avant que je ne reprenne la parole.

– John pensait que cela vous ferait plaisir. Alors on vous a ramené quelque chose. Ne me demandez pas ce que c'est, je n'ai pas choisi. Votre ami l'a fait pour vous.

– Bien, je suppose que je dois... vous remercier ?

D'accord, pour le coup je suis vexée. Suis-je vraiment comme cela ? Pour peu, il me reproche de lui avoir rapporter de quoi se sustenter. Pourtant, je ne me laisse pas démonter.

– Vous pouvez, mais si ce n'est pas à votre goût, ce n'est pas moi qu'il faut accuser.

– Je voulais dire par là que c'est vous qui avez payé l'addition.

Bon, là, je commence à avoir peur. Tandis qu'il déballe son repas encore chaud, d'instinct, j'effectue l'aller-retour à la cuisine pour ramener une fourchette. Puis, je m'assieds et pose la question qui me brûle les lèvres.

– Comment savez-vous ?

– C'était évident. Si c'était lui, il aurait sorti le grand jeu. Trois plats, un dessert, il vous aurait proposé un café d'ailleurs...

Il marque une pause, s'essuie la bouche avant de poursuivre. Je suis comme suspendue à ses lèvres.

– Et puis, il a oublié son portefeuille ici.

Je me mets à rire nerveusement. Je m'étais trompée sur son compte : il peut faire preuve d'humour. Finalement, il pouffe tandis que je ricane. Il demande :

– Vous y avez cru ?

– À cent pour cent ! Tout le monde prône votre génie et vous m'exposer vos théories phénoménales. Avouez que ça a de quoi surprendre.

– Je vous surprends ? Je pensais que je vous agaçais.

– Qu'est-ce que vous pourriez m'apprendre sur moi ? dis-je en ignorant sa remarque.

J'ignore pourquoi j'ai posé la question. Plus tôt, j'étais encore morte de trouille à l'idée qu'il me dévoile aux yeux de tous, alors que là... Ses déductions m'intriguent plus que de raison.

Une colocataire irascibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant