Chapter 11.5

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C'est en plein milieu de la nuit que je me réveille en criant. Je m'écroule sur le sol, enroulée dans une couverture à carreaux. J'étais dans le sofa ? Qu'est-ce que je fais là ? Ah oui... Je me suis endormie ici. Mon colocataire pénètre dans la pièce à toute vitesse, sans courir pour le moins, j'ai honte du spectacle qui l'attend.

– Que faites-vous là ? demande-t-il en m'admirant toute penaude que je suis.

– J'ai... Je pense que j'ai fait un cauchemar.

Franchement, je ne vais pas m'irriter sur ce genre de remarque maintenant, je me sens trop chamboulée. Je regarde autour de moi...

– Je me suis endormie ici, pendant que vous jouiez ?

– Vous ne vous en souvenez plus ? fait-il faussement étonné.

– Si, bien sûr que si ! Mais vous m'avez laissé dormir là ?

– Je vous ai couverte avant de partir, tout de même.

– Oui, c'est vrai. (puis, j'ajoute) Merci pour la couverture.

Il me regarde me relever et faire le tour de la pièce d'un simple regard. En réalité, je ressens le besoin d'inspecter la pièce, comme si mon mauvais rêve pouvait s'imiscer dans la réalité. Je me sens retournée : les images réelles et du cauchemar que j'ai fait se mêlent dans mon esprit. En plus, je me sens misérable que Sherlock assiste à cela, surtout qu'il ne peut rien faire pour moi. Je me rassieds à même le sol et le détective se laisse glisser à mes côtés. Je ne sais pas si c'est visible, mais moi, je sens qu'il est aussi mal à l'aise que je ne le suis : il est peu habitué à ce genre d'attention à l'encontre de quiconque. Il faudra que je cherche à savoir pourquoi il se force de la sorte, un jour.

– Vous voulez expliquer votre rêve ? essaye-t-il de lancer par politesse.

– Pas trop, non.

Comme la dernière fois, il approche sa main et s'arrête à mi-parcours. On dirait qu'il attend mon approbation : comme si je pouvais lui refuser quelque chose... Je me penche vers lui pour poser ma tête sur son épaule sans qu'il n'omette aucune objection. Il est tout juste sorti de la couette, je ressens la chaleur au creux de son coup, trahissant qu'il était bien enfoncé dans ses couvertures... jusqu'à ce que je le réveille de force, j'imagine.

– Merci, dis-je simplement. Pardon de vous avoir levé.

– Vous savez, je ne dormais plus vraiment.

– Menteur... je murmure.

Me prenant délicatement par les épaules, Sherlock s'assure que nous prenions place sur le sofa. Il s'empare du plaid à carreaux oublié sur le sol pour la remettre autour de nous. Je suis toujours méfiante envers quiconque, mais cette fois-ci, je me sens en sécurité. Alors, j'accepte ses gestes délicats, apaisants... Je me sens même prête à entrer dans une voiture sans le moindre problème en sa compagnie, c'est pour vous dire !

Ce n'est pas du tout ce que j'avais prévu, mais je me suis rendormie, puis réveillée... Plusieurs fois. Des pensées aussi noires que terrifiantes passaient devant mes paupières closes : un kamishibai de cauchemars ! Et dès que mes yeux s'ouvraient de terreur en me réveillant par la même occasion, cet homme était là pour me rassurer. Attention, je n'ai pas dit qu'il était prévenant ou attentionné à mon égard : il a même pris un bouquin pour patienter jusqu'à ce que je décide de me lever. Néanmoins, sa présence m'a apaisée. Et il le sait. Je ne sais pas comment, ne me demandez pas pourquoi (et n'insistez pas), mais il le sait.

Il est, bien sûr, neuf heures tapantes quand je juge que j'ai assez dégusté et que la réalité est plus supportable que la nuit. Je soupire d'agacement en me relevant. Je découvre le bras de Sherlock encore autour de moi, un livre dans l'autre main. Visiblement, c'est lui qui s'est endormi maintenant. Je me lève doucement pour ne pas le réveiller : il a veillé sur moi, le pauvre, il mérite de se reposer ! Puis je fais chauffer de l'eau pour le thé. Je retourne m'asseoir et observe mon colocataire dans le plus grand silence. Il est beaucoup plus paisible que moi dans son sommeil, c'est évident.

– Hakan... murmure-t-il tout à coup.

Je n'arrive pas à le croire. Il rêve de moi ! Je reste silencieuse tandis qu'il marmonne.

– Hakan... Cessez de me regarder, c'est oppressant ! lâche-t-il en souriant faiblement.

Et il ouvre un œil. Merde, mais quel crétin ! Il m'a fait peur !

– Comment je pouvais savoir que vous ne dormiez pas ! je m'exclame, Vous m'avez foutu une de ces trouilles...

– Vous êtes aussi effrayante que moi. Vous trouverez de quoi vous venger.

– Vous êtes abject. dis-je en souriant.

– Je sais, vous êtes affligeante. répond-il avec un sourire plus large encore.

– Je sais. Du thé ?

– Volontiers. 

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now