Chapter 30

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Attendez avant de vous emballer ;)

En commentaire, dans ce paragraphe (si, si, regarde sur ta droite, juste là), vous trouverez un lien. Celui-ci va vous rediriger vers une page de mon rantbook destinée à compiler toutes vos hypothèse sur «Une colocataire irascible»

Au cas où ce chapitre serait déjà trop court pour attendre le prochain ;)


La psychiatre suçote le bout de son stylo tout en gardant un œil sur notre bref échange. Elle doit penser que nous sommes un vieux couple qui s'ignore, ne vivant que pour se contredire l'un et l'autre. Elle attend que le silence s'installe pour que nous puissions reprendre la discussion d'origine. C'est fou, quand Sherlock parle, j'ai l'impression qu'on tourne en rond sur des détails sans importance !

– Vous partez parfois en vacances ? m'interroge le médecin. À la plage par exemple ? Il a fait beau cet été, vous êtes sortie en robe longue et légère ?

– Jamais de robe ! Je m'exclame en même temps que mon colocataire.

– Sauf pour des occasions vraiment spécifiques, je précise.

– Vous êtes plutôt short et pantacourt, c'est compréhensible.

En disant cela, docteur Laroche me lance un sourire narquois. J'ai compris son humour, pour la simple raison que je fais de même. Par conséquent, je ne relève pas la vacherie et me contente de l'écouter.

– Alors, insiste-t-elle, des vacances ? Un voyage, peut-être ?

– À dire vrai, depuis la mort de mon père, je ne suis pas sortie du manoir familial. Pas une seule fois. La grande première, c'était...

Je marque un arrêt, me tournant vers Sherlock qui ne détache pas ses yeux des miens. Il hoche la tête de gauche à droite, comme s'il ne pouvait pas croire ce que je m'apprête à dire.

– C'était en me rendant à Londres, chez vous, pour la première fois.

Qu'est-ce qui m'a poussée à quitter le manoir ce jour-là ? Sans l'intervention de Mycroft, je serai encore cloitrée entre quatre murs. Elizabeth a savamment orchestré mon déménagement, mais c'est Sherlock, qui n'était pas véritablement dans la connivence, qui a fait pencher la balance en faveur de mon installation. Jamais je n'aurais cru qu'une tierce personne puisse me faire ressentir une telle accointance.

Machinalement, je sors la pénultième bouteille d'eau de mon sac et l'ouvre pour me délecter d'un peu de breuvage. Ce réflexe ne laisse pas dupe la psychiatre, qui reconnaît aisément les signes de manque.

– Vous arrive-t-il de souffrir encore beaucoup ? embraye-t-elle. Sur une échelle de un à dix, où vous situez-vous ?

– Ça dépend. Certaines périodes c'est à peine deux sur dix, ces derniers temps, c'est plutôt quinze.

Par réflexe, je me masse la cuisse, mais le détective pose sa main sur la mienne pour me dissuader de me crisper. Prenant soudainement conscience de la déconvenue de ce geste, je me décale de quelques centimètres, le forçant à reprendre sa posture d'origine. Si nous avions été seuls, j'avoue que la volonté de résister à sa démonstration me ferait défaut. Peut-être, oui, j'aurais cédé à sa gentillesse gratuite. Il ne s'occupe que rarement d'autrui, il ne se rend parfois même pas compte d'une autre présence humaine auprès de lui, quand il se perd dans ses réflexions. À cet instant, je me rends compte que je suis quelque peu « privilégiée », une personne dont il se soucie. J'espère juste qu'il ne me materne pas, je viens de perdre un père, ce n'est pas pour qu'il se prenne pour un remplaçant. Un homme plus vieux que moi qui a toujours vécu seul et sans enfant... Ça suffit, Hakan ! Tu te fais des films, là ! Et vu l'ampleur du délire, c'est plutôt un drame burlesque qu'un polar, que je me tourne.

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now