Chapter 39

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Attention !

Dans ce chapitre, il se pourrait bien, j'insiste sur le fait que je parle au conditionnel, que l'on note une avancée majeure dans le cadre de...

Non, mais qu'est-ce qui me prend ? J'ai failli vous spoiler !

Je vais vous laisser lire, c'est mieux.

*

Tandis que je consens à ce que Sherlock m'aide à installer l'oreillette (on s'accorde tous à dire que je suis capable de le faire seule, mais je n'ai pas eu le temps de réagir qu'il s'en était déjà emparé), j'entends ma cousine trifouiller dans le bar de mon père et revenir avec une série de petits verres dans les doigts.

Mon colocataire met tout en œuvre pour m'appliquer l'instrument avec mille précautions. C'est étrange à quel point il est délicat dans certaines situations, alors que le blog de John le décrit si brutal dans d'autres circonstances. La pulpe de ses doigts frôle le lobe de mon oreille, provocant un léger frisson. La chair de poule s'empare de mes épaules dénudée, de mes jambes découvertes... Pourquoi faut-il que ce soit si agréable ? Après avoir enfoncé l'appareil, il replace une de mes mèches rebelle par-dessus, comme pour me protéger davantage.

— Je ne suis pas en sucre, vous savez ! J'objecte.

— Ce soir, vous êtes sans arme, dit Sherlock en lançant un regard sur ma canne.

— Et c'est gentil de vous proposer pour en être une, je complète. Mais par pitié, ne soyez pas démonstratif comme cela.

— Vous êtes incommodée ? Se rassure-t-il.

— Non, je poursuis en murmurant uniquement à son intention. Seulement, le regard de Molly qui me brûle le crâne à l'acide me pèse de façon conséquente.

Je tente de ricaner pour dédramatiser la situation, néanmoins, il est évident que je m'inquiète beaucoup à ce sujet. Nous n'oublions jamais quelqu'un que nous avons aimé. Et quand bien même les sentiments de la jeune fille auraient changé depuis, elle ne peut pas regarder une autre dame, quelle qu'elle soit, susciter l'intérêt du détective consultant. Qu'importe ledit intérêt, d'ailleurs.

Elizabeth a posé la série de verres sur les tables d'appoint, commençant déjà à les remplir de cognac sous les yeux presque médusés des deux autres invités que je contemple sans retenir mon amusement. Molly est la seule en robe longue, une teinte écru et satinée, une cascade de tissu tombant de son épaule pour parcourir les lignes de sa hanche et s'achever au niveau des chevilles. Dessus, des motifs floraux dans un camaïeu de bleus ont été réalisés artisanalement. Je ne pensais pas du tout que les couleurs claires, encore moins une tenue aussi estivale en plein mois de novembre, puisse convenir à ce type d'événement. Et pourtant, la légiste la porte si bien... Son allure en vaut le détour.

Quant à Lestrade, lui, il porte un costume spécialement loué pour l'occasion. L'étiquette de la boutique serait encore accrochée à sa veste que je ne serais pas étonnée. Scotland Yard doit vraiment vouloir signer ce fameux contrat avec nous pour lui allouer un costume si cher. Comment je devine le prix du trois pièces ? Tout simplement, car j'ai reconnu la signature au liserai lilas qui borde le bas du pantalon et des manches du veston*. Il s'agit d'un couturier que mon père adorait tout particulièrement : les sommes qu'il dépensait dans la boutique de ce grand tailleur ne me sont pas inconnues.

Pour achever le tour d'horizon, je devrais m'attarder sur le look terriblement enfantin de mon cadet. Leif a décidé de jouer les jeunes étudiants jusqu'au bout en ne portant pas de costume. Sa chemise à manches longues bleu azur est presque trop agressive pour les yeux. Par-dessus, il porte son gilet** grège qu'il tenait de mon dix-huitième anniversaire. Le pantalon aussi vient du même costume, mais il n'a pas le veston. Si impeccablement coiffé, sans lunettes, il me rend fière de lui, pour une raison que j'ignore.

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now