Chapter 89

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C'est ainsi que s'achève ce mois de juillet... (Oui, je devais publier le 31, mais j'ai eu un petit contretemps...)

Bonne lecture quand même.


Je roule à tombeau ouvert. Je crois sincèrement que je conduis très bien, n'en déplaise à John qui prétend mourir dès qu'il monte en voiture avec moi. Sauf en cet instant, où là, je joue littéralement avec ma vie et celles des passagers.

J'ai certainement brûlé toutes les limitations de vitesse depuis le début du trajet et je ne compte pas m'arrêter là, je crains d'ailleurs les amendes qui vont tomber au manoir après cet écart de ma part. Écart monstrueux, certes, mais j'ai une bonne raison. Je grille tous les feux, je ne compte pas le nombre de klaxons, de voitures comme de poids lourds, qui hurlent sur ma berline. J'ai oublié l'existence des priorités de droite aussi, je suis même presque sûre de venir d'accrocher un rétroviseur.

Ne faites jamais ça chez vous, les enfants !

Dans ce cas de figure, c'est une urgence. À l'arrière, Baron halète, lutte pour chercher de l'air. Avec lui, John. Oui, le même John qui avait juré qu'il ne remettrait plus les pieds dans le même véhicule que le mien tant que je serai au volant. Je n'ai rien eu à dire, je n'ai rien demandé. Pourtant, quand Sherlock a posé le corps de mon chien à l'arrière, son meilleur ami s'est glissé de l'autre côté, m'affirmant qu'il pourrait être utile.

Je ne vais pas le blâmer pour apporter un coup de main, c'est mon gardien à quatre pattes qui souffre. Ma mâchoire se serre autant que possible, j'en ai mal dans les oreilles. C'est ce qui m'empêche de pleurer, de fondre en larmes en me maudissant.

Un virage un peu serré et, cette fois, je risque bien de m'exploser une dent en les grinçant davantage. Une main sur mon épaule me ramène à la triste réalité de ma situation. Celle de Sherlock : doigts effilés, poigne assurée, d'une douceur rassurante néanmoins.  

— Tâchez de ne pas nous tuer, sinon on ne pourra plus rien faire pour lui, me somme-t-il.

— Je sais, j'articule d'une voix étranglée.

Heureusement, nous arrivons sur le petit parking de la clinique vétérinaire. Il n'y a pas beaucoup de voitures, alors je trouve facilement une place. Sans compter que la place réservée aux PMR n'est pas prise. Je m'en empare.

— Prenez la carte dans la boite à gants et mettez-la en évidence, j'ordonne à mon passager avant. Il ne manquerait plus qu'une amende de plus. C'est déjà un miracle que je n'aie pas les policiers aux fesses.

Pendant ce temps, John sort de la voiture et tente de transporter le chien seul, mais je me dépêche de l'aider en toute hâte. Je pousse la porte de la clinique vétérinaire d'un coup de pied, menaçant presque de la briser.

— On a besoin d'aide ! je hurle.

— Selens, crie une voix par-dessus la mienne.

C'est notre vétérinaire, il avait été prévenu et, avec l'aide d'une assistante, il amène un brancard mobile pour qu'on puisse poser le corps lourd de Baron dessus. L'homme (cheveux gris et yeux bruns, très bien conservé alors qu'il approche doucement de la retraite, un petit sourire jovial qui, aujourd'hui, à du mal à paraître.) prend les choses en main, sans rien dire de plus. Je m'apprête à le suivre quand une autre responsable de la clinique m'arrête dans mon élan.

— Mademoiselle, vous ne pouvez pas entrer.

— Vous ne comprenez pas, je m'oppose, on ne peut pas me séparer de lui, ça le rendrait dingue.

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now