Une colocataire irascible

Chapter 7

– Qu'est-ce qu'ils ont fait exactement ? dis-je en conservant mon calme.

– Justement, c'est ça le plus étrange...

Mon portable vibre. Je m'excuse rapidement et consulte ma messagerie.

Inconnu : « Pas besoin de la carte. Trouvée une dans la cuisine. Juste les épingles. SH »

Je pourrais déblatérer des heures sur l'illogisme de ranger une carte dans une cuisine Malheureusement, je n'ai pas le temps. Nouveau message, encore lui.

Inconnu : « Avec des couleurs, les épingles. »

– Pardon, tu disais donc ? je reprends.

– Il ont volé des données, des dossiers sur plusieurs employés.

– Les employés ont été prévenus ?

– On ne peut pas faire ça, Hakan.

– Tu exagères. Je sais qu'on a une image de marque à respecter, mais là je trouve que tu abuses un peu. On devrait les avertir.

– C'est pas ça le problème. Le vrai souci, c'est qu'ils se sont procurés les dossiers d'anciens employés. Des personnes qui sont parties avant les années 2000, ou des personnes décédées, que des trucs comme ça...

– Quel intérêt ?

Je crois qu'on a affaire aux hackers les plus stupides du monde. Ça n'a aucun sens de piquer leurs accès puisqu'ils sont rendus inutilisables dès que ces personnes quittent l'entreprise. Les boîtes dirigées par des abrutis pensent à le faire, alors nous ! En toute modestie, bien sûr... Même rendre ces données publiques, au cas où nous aurions à faire à une organisation de défense ou je ne sais pas quel autre crétin en manque d'attention ne servirait à rien ! Oui, je m'énerve. On touche à Selens Inc., le bébé de toute notre famille ! Je ne peux pas laisser les gens salir ce pour quoi m'a famille s'est démenée bien avant ma naissance, en plus, c'est mon héritage après tout. Je ne réfléchis pas longtemps avant de trouver une explication plausible.

– C'est peut-être une mauvaise blague ? Tu sais, un petit con qui veut prouver quelque chose à ses autres petits copains geeks.

– Possible, tu crois qu'on ne doit pas s'inquiéter ?

– Je pense que tu ne devrais pas t'alarmer aussi vite, Lizzy. En tout cas, on doit quand même rester prudentes : surveille si quelque chose bouge et, dans ce cas, on prendra des mesures. Tu as dû licencié des hackers dernièrement ?

Cette question vous semble étrange ? Pas pour Elizabeth : nous embauchons des personnes douées pour déjouer les systèmes, le but étant de perfectionner ceux que nous créons. Beaucoup de boîtes en informatique font de même, ne croyez pas que nous sommes uniques. Quoique, un peu quand même, sinon nous ne serions pas Selens Inc. Je vous ai déjà présenté mon humilité ? 

– Juste deux, dit-elle.

– Alors, fais une enquête pour voir ce qu'ils sont devenus. L'un des deux a sûrement voulu se venger.

– D'accord. Je te tiendrai au courant. (elle consulte son portable) Je ne peux pas rester plus longtemps. On s'appelle plus tard ?

– Si tu veux. Tu peux partir, je vais régler.

– Merci Hakan, la prochaine fois ce sera pour moi.

Nous quittons le bistro ensemble, elle me propose de me ramener plus près de la station de métro, mais je refuse poliment. Je déteste la voiture, j'ai mes raisons : quand on a été renversée par une voiture étant petite et qu'on perd son père ainsi que son mari dans un accident de voiture, ça excuse non ? Les gens qui craignent l'avion sont stupides : vous connaissez quelqu'un qui a été renversé par un A380, vous ?