Chapter 53

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Vous n'êtes pas des grand·es fans de drama. D'autant plus quand l'intrigue vous semble de plus en plus intéressante du point de vue de la romance. Le truc, c'est que même si ce chapitre vous semble difficile à lire, vous verrez que vous apprécierez la fin du 54, qui sortira la semaine prochaine. 

Faites-moi confiance, d'accord ? 


Vous savez, il y a des jours où, quand vous vous levez, dès que le soleil pointe le bout de son nez, vous avez le pressentiment que cet « aujourd'hui » sera différent de votre quotidien. Parfois, il vous arrive de bonnes ou de mauvaises surprises, certes. En ce qui concerne les mauvaises, vous y ferez face, vous ferez peut-être même front avec succès. Malheureusement, cela vous semblera d'autant plus pénible si vous les sentez venir, n'est-ce pas ? 

Ce matin, c'est exactement que je pressens : quelque chose ne va pas... C'est impossible d'appliquer une réflexion rationnelle sur ce genre de fait, mais vous pouvez me croire sur parole : je savais. Déjà, un détail aurait pu me mettre sur la piste en descendant pour préparer du café : j'ai aperçu Sherlock dans le salon. Quand il n'a pas d'affaire en cours, monsieur déduction n'est jamais debout si tôt, je commence à le connaître. 

Et je dois avouer que j'aime le voir m'attendre, dissimulant son sourire satisfait. Il me tourne le dos, fixant je ne sais quel élément par la fenêtre quand je pénètre dans la pièce. 

— Sommeil compliqué ? Je demande d'emblée.

— Il est cinq heures, se justifie Sherlock.

Paris s'éveille, je rétorque en français pour essayer d'alléger l'atmosphère.

Il se retourne enfin vers moi, les sourcils froncés : misère ! Il cherche à comprendre !

— Laissez tomber, fais-je en haussant les épaules, c'est une vieille chanson.

Finalement, je me rends en cuisine en soupirant. C'est à partir de ce moment-là que j'ai compris que quelque chose n'allait pas, aujourd'hui. Tout en m'affairant à ma tâche, j'entends mon colocataire répondre au téléphone, ce qui termine de confirmer mes soupçons sur la journée pourrie qui m'attend.

Comment je le sais ? Rappelez-vous un peu les habitudes de mon cohabitant et suivez ma théorie...

Sherlock répond rarement au téléphone, selon moi, soit c'est Lestrade, soit c'est une toute autre urgence. Vu l'heure matinale, j'opte d'office pour une affaire compliquée. D'ordinaire, je me fiche éperdument de ce que fait mon colocataire de ses journées. Pourtant, aujourd'hui, j'écoute la conversation. Je ne l'épie pas, j'écoute simplement le bruit environnant. Ah oui ! Autre indice : je n'ai pas mis de musique. D'où le fait que je puisse entendre la demi-conversation. Et vous voulez connaître le comble de tout ? C'est quand la réponse que j'entends, c'est :

— Oui, elle est réveillée, je vous la passe.

Dans la seconde qui suit, mon cohabitant pénètre dans la cuisine, me tend le téléphone sans même m'expliquer quoi que ce soit. En portant le combiné à l'oreille, j'ai déjà envie de raccrocher sans savoir de quoi il en retourne. Malheureusement, la curiosité est toujours la plus forte.

— Allô ?

— Mademoiselle Selens ? Entends-je à l'autre bout du fil.

— Je peux savoir ce que vous me voulez, Lestrade ? Je réplique sèchement.

— Je n'arrivais pas à vous joindre sur votre portable alors j'ai essayé autrement, s'excuse-t-il.

— Il est encore éteint, je déclare. C'est quoi le problème ? Qu'est-ce que j'ai fait, encore ?

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now