Chapter 36

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Nous sommes à deux jours du gala. Mon cœur s'affole, bien que j'ai laissé le soin à Elizabeth de tout gérer.

Elle le désirait tant. Je ne pouvais pas débarquer du jour au lendemain et prétendre organiser cet événement toute seule. De plus, si c'est son plaisir et non le mien, pourquoi m'encombrer de ces tâches harassantes si d'autres veulent s'en charger ?

J'ai enfin retiré les fils qui parcouraient mes prothèses. Ce qui me permet de reprendre mon train de vie à cent à l'heure. Bon sang, que cela m'avait manqué !

C'était mon grand retour de mon congé maladie chez Selens Inc., après cela, je me suis sentie d'humeur plus festive. Je reviens d'ailleurs du Lenny's café, ayant écumé le stock de biscuits à la vanille. Deux sacs plein de mon terrible péché de gourmandise... et ce n'est même pas pour moi.

En rentrant à Baker Street, je suis assaillie d'un sentiment de bien-être plus fort encore. Je suis contente d'être ici, en dépit du bonheur d'avoir pu sortir, je suis tout de même heureuse de retourner dans ce bâtiment, d'y revoir chacun de ses occupants. D'ailleurs, puisqu'on en parle, je me dépêche de déposer le premier sac de biscuits chez madame Hudson : modeste remerciement pour les repas qu'elle a cuisiné pour nous sustenter ces derniers temps. Je ne prends pas le temps de bavarder, je préfère me presser pour rejoindre mon colocataire.

— Sherlock, je l'interpelle ! Vous pouvez faire chauffer la...

La silhouette qui se dessine dans la pénombre du salon non éclairé m'empêche de finir ma phrase.

— Mycroft ? Je m'étonne.

— Bonsoir, Hakan. Mon frère est absent.

J'allume et, plissant les yeux sous l'agressive lumière, je détaille l'homme au parapluie qui, visiblement, attendait depuis un moment.

— Navrée de l'apprendre, je rétorque en dissimulant ma peine. Je peux savoir ce que vous faites ici, seul dans le noir ? Halloween est déjà passé, vous savez.

Il me regarde ranger mes quelques affaires, manifestement outré par mes propos. Je choisis donc, volontairement, d'en remettre une couche. Plus que la contrariété de l'absence de mon cohabitant, c'est de tomber sur cet oiseau de mauvais augure me rend affable.

— Ce n'est pas parce que vous me payez que je dois impérativement être gentille avec vous.

— Je vois, répond-t-il.

Non, il ne voit pas.

— Bon, vous voulez quoi ? J'insiste en m'asseyant. Vous venez de le dire, Sherlock n'est pas là.

— En réalité, c'est vous que je venais voir.

— Oh, que me vaut cet honneur ? Je me moque.

— J'ai besoin de votre force de persuasion pour que mon frère accepte de se comporter en adulte.

— Hum, ça peut se faire ! Dis-je en radoucissant mon ton.

— Vous n'aviez pas parlé de faire chauffer quelque chose ? Demande-t-il soudainement. Une bouilloire, je suppose.

— Je n'en ai pas souvenir, je lâche l'air goguenard.

— Vous voulez que je vous supplie, c'est ça ?

— Oh oui ! Je m'exclame avec un sourire carnassier. Et n'oubliez pas le « s'il vous plaît ».

— C'est le monde à l'envers, l'entends-je dire dans un soupir.

— C'est vous qui avez besoin de moi, je le nargue. Alors je ne vais pas me priver. Après tout, Mycroft, vous savez à quel point je peux être à cheval sur les convenances.

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now