Chapter 42

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Difficilement, j'essaye de repérer la jeune femme dont me parle mon colocataire. En même temps, je communique nos soupçons à Victor, demandant patiemment d'attendre la suite avant de faire sortir notre suspecte.

— Celle avec ses cheveux rouges ? Je demande confirmation.

— C'est bordeaux, me corrige mon colocataire. Mais oui, c'est à elle que je pensais.

Franchement, est-ce que j'ai l'air de vouloir discuter palette de couleurs, dans l'immédiat ? Non !

— Qu'est-ce qui vous fait croire cela ?

En l'observant de plus près, je réunis tous mes souvenirs pour constater que, de fait, cette personne ne me dit rien. J'ai pris la peine d'essayer d'encoder chaque nom et visage des employé du siège de Londres. Quelques années avant, j'ai fait de même avec Bruxelles. Par conséquent, je suis sûre de connaître ceux qui travaillent pour moi. Et là, rien ne me vient : pas de nom que je puisse associer à ce joli minois, en tout cas.

Car je dois l'avouer, c'est une belle femme. Elle doit être à peine plus âgée que moi, s'est affublée d'une couleur de cheveux hors du commun, mais qui sied parfaitement à sa peau laiteuse. Ses yeux ont l'air d'être aussi clairs que les miens, de ce que je peux voir d'aussi loin, du moins. Quant à sa tenue, je dois admettre qu'elle tranche radicalement avec le style de tous portent ici ce soir. La robe vintage qu'elle a mise lui va bien et se marie harmonieusement avec le bijou qu'elle porte dans sa chevelure. 

— Elle est seule et longe sans cesse les murs, m'explique Sherlock... Visiblement, elle n'a rien à faire ici.

— Elle accompagne peut-être un invité, j'avance pleine de bonne volonté. Il se serait éclipsé aux toilettes et elle attend patiemment son retour.

— Non, me contredit le détective. Si vous pouviez utiliser votre tête un peu mieux, si vous n'étiez pas alcoolisée, vous le verriez aussi. Elle n'est pas mal à l'aise d'être seule, elle a plutôt l'air prudente. Elle ne s'est pas encore adressée à qui que ce soit. Par ailleurs, elle semble éviter les employés, comme si elle voulait éviter qu'on lui pose des questions.

— À sa décharge, je la défends, je ne fais rien d'autre que serrer des mains en souriant faussement aussi. Je n'engage pas la conversation alors que je suis la directrice des lieux.

— Son attitude ne colle pas, Hakan.

— De toute façon, il y a bien une chose que je peux vous dire sur cette femme. C'est que je ne l'ai jamais vue auparavant. Je suis physionomiste, je peux identifier chacun de mes employés de Londres par leur nom pour peu que je les ai croisé au moins une fois. Croisée dans l'ascenseur, nouvelle au siège ou ancienne de nos travailleuses, je vous assure que cela me serait revenu. Toutefois, je ne peux pas prétendre à la même chose pour nos clients, je n'en rencontre que très peu.

— Ça n'est pas une de vos clientes, affirme-t-il le sourire aux lèvres. C'est une journaliste.

Je sais ce que signifie cette moue : il en meurt d'envie... C'est une expression qui a tendance a rapidement m'attendrir quand je la vois. En fait, Sherlock m'affaiblit. Diantre, qui est affligeante, maintenant ?

— Allez, faites votre numéro, je cède.

— Comme je vous l'ai dit, commence-t-il sans cacher son ravissement, elle évite le contact, presque paranoïaque. Elle ne veut pas qu'on s'intéresse à sa présence, c'est évident. Elle observe à plusieurs reprises son portable, ne cherchant aucun invité si ce n'est vous. Elle vous lance plusieurs coups d'œil hésitants. Ce qui implique qu'elle vous cherche, vous précisément, personne d'autre. Autre chose, elle porte un vieux sac avec une lanière...

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now