4.58

132 5 0
                                    

Dès que Violet rentre chez elle, vers 13h, je fonce prendre une douche. Je ne sais pas trop pourquoi, c'est comme si mon corps me forcé à y aller. Et j'y vais, alors que normalement, je me douche avant de me coucher, ce qui me semble logique. Machinalement, je me deshabille, met couler l'eau et prépare mes serviettes et ma crème hydratante pendant qu'elle chauffe. Il y a déjà un peu de buée, l'eau doit être bouillante. Pourtant, je rentre sous les jaies d'eau comme si de rien était.
Je reste debout, sans bouger. Je laisse l'eau me couler dessus et subitement, un énorme sanglot me coupe le souffle. Je comprend alors pourquoi je suis aller prendre une douche sans véritable raisons : pour pleurer. Je n'ai pas put le faire hier, ni cette nuit. Violet dormait juste à côté de moi et elle a le sommeil très léger. De plus, nous n'avons pas beaucoup dormis, nous parlions de tout et de rien. Des que je commençait à m'assoupire, Violet trouvait un nouveau sujet de conversation et je sais très bien pourquoi. Elle ne voulait juste pas penser à ce con de Jeremy. Et puis, nous sommes tombés de fatigue.
Mais la douche est un bon endroit pour pleurer. Le bruit de l'eau est presque aussi efficace que le rembourrage d'un coussin. Et puis, la cabine de douche résonne beaucoup moins qu'on pourrait le croire. Tant mieux.
Je pleure à ne presque plus pouvoir reprendre mon souffle. Je ne sais plus si c'est l'eau bouillante ou les larmes qui mouillent mon visage. Je met mes cheveux trempés en arrière et lève la tête pour prendre une grande inspiration en grimaçant.
Comment Zack peut me faire ça ? Il m'a quitté à cause d'un diplôme. C'est surréaliste. Je n'arrivais pas réellement à y croire hier. Mais ce matin, je n'avais aucunes notifications m'indiquant qu'il m'avait envoyé une vidéo drôle de Vine ou autre. Je n'ai eut aucun messages de la matinée et je me suis pris une grande gifle en deverouillant mon portable en me réveillant pour fixer la photo de Zack et moi que j'ai en fond d'écran. Ça m'a retourné l'estomac.
J'aurai tout donné pour lui, je l'aime comme une folle mais ça ne lui suffit pas. Apparemment, je l'aime trop. Apparemment, je veux trop de bonheur et de réussite pour lui. Finalement, nous sommes peut être juste trop différents. Nous n'avons pas les mêmes ambitions ou projets d'avenir et à notre âge, l'avenir compte plus que n'importe quoi d'autre.
Je suis pire que dégoûtée. Je suis écoeuré par son comportement et par le mien. Je devrais pouvoir passer au dessus de ces principes à la noix mais c'est plus fort que moi, je ne peux rien faire. J'ai envie de vomir. Qu'est ce qu'on va devenir ? Nous allons juste arrêter de nous voir et de se parler par texto subitement et faire comme si il n'y avait jamais rien eut ? Mais des choses, il y en a eut des dizaines et je ne pourrai pas faire semblant. Tout ça à cause d'un diplôme de fin d'études...
Plus tard, au bout de presque une heure, je sors de la douche. J'enroule une serviette autour de mes cheveux, j'enfile un legging et un sweat, je met ma crème hydratante puis démêle ma tignasse en me regardant, moi et mes yeux rouge écarlates, dans le miroir. Je ne peux pas descendre, maman va tout remarquer. Et puis, j'ai plein de devoirs.
Toujours aucuns messages et je me retiens de pleurer. Il ne peux pas m'abandonner comme ça. Pas juste pour ça.
Toute l'après midi, je fais mes devoirs, sans me soucier de rien d'autres. Je me concentre sur mes cours et juste sur mes cours pour ne pas penser à autre chose, c'est à dire à Zack.
Puis, toute la nuit, j'attend un message de Zack, un signe, un appel ou même de l'entendre taper contre ma fenêtre. Mais rien. Pourtant, il est connecté sur Instagram et je le vois retweeter des vidéos drôles, comme si de rien était. Visiblement, je ne lui manque absolument pas, moi. Il se débrouille très bien sans moi dans sa vie, et ça me fait encore plus mal.
Le lendemain, au lycée, je fais à mon tour comme si il ne s'était rien passé. Violet raconte aux filles notre soirée de samedi soir et je les écoute parler au self, en jouant avec ma fourchette dans mon assiette de riz. Je fixe les grains qui bougent en rythme et en vague.

_ il ne me reste plus qu'à récupérer les affaires que j'avais chez lui.
_ qu'est ce que tu avais laissé ?
_ deux, trois choses... un pull, une brosse à cheveux, une batterie portable, une culotte...
_ quand est ce que tu vas aller les récupérer ?
_ je n'en sais rien... quand j'aurai le courage de le voir sans pleurer.
_ ce n'est pas demain la veille.
_ très drôle, Meg. Très très drôle.

We Are Bonnie And Clyde ( Part 4 : Begin Slowly ) Where stories live. Discover now