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Il fait tellement mauvais aujourd'hui qu'il n'y a personne dans la rue. Depuis au moins trente minutes, je suis assise devant la fenêtre de ma chambre, sur la chaise de bureau et je fixe le dehors. Il fait gris, humide, brumeux. On ne voit pas à 20 mètres. Maman va trembler en conduisant. Elle déteste déjà ça mais quand les intempéries se mêlent à tout ça.... c'est encore pire.
Maman rentre dans ma chambre.

_ qu'est ce que tu fais encore en pyjama ? Il est 8h15 passé.
_ hum... mais...
_ oh non, ne me dit pas que tu as encore mal à la tête ? C'est du charabia, June.
_ non, j'ai vraiment mal à la tête, maman. Je suis sûre d'avoir de la fièvre. Et j'ai envie de vomir.
_ oui, tu avais déjà tous ces symptômes hier...
_ mais tu m'as forcé à aller au lycée.
_ oui, ça me semble normal. Elle hausse les épaules.

Je me retourne face à ma fenêtre, pour ne plus avoir à regarder maman. Je suis trop bien dans mon pyjama pour avoir le courage de m'habiller et puis nous sommes vendredi, il ne me reste que quelques heures avant le weekend. De plus, je suis exténuée. Je dors très mal les nuits pour ne pas dire que je ne dors pas du tout. Je crois ne jamais avoir eut autant de cernes, honnêtement.
J'entend maman soupirer dans mon dos.

_ tu ne peux pas te laisser abattre comme ça. Je sais que c'est dur mais ce n'est pas la fin du monde.
_ je sais.
_ alors habille toi.
_ j'ai vraiment mal à la tête. Je lui dis en me retournant. Je me sens vraiment mal.
_ hum.... je ne suis pas sûre.
_ merci de me croire. Je bougonne en fixant à nouveau la fenêtre.
_ je crois surtout que tu penses beaucoup trop à lui. Tu devrais seulement continuer ta vie comme si de rien était. Il n'est pas mort.
_ maman....

Je parie qu'elle hausse les épaules puis met ses mains sur ses hanches et fixe mon dos inlassablement.

_ tu as l'occasion de recommencer à vivre comme avant de le rencontrer. Tu peux à nouveau te concentrer sur tes études, ton travail.... il ne vaut pas la peine que tu gaspilles du temps à penser à lui.

Je roule des yeux.
Au début, elle était gentille et compatissante, plus que jamais, mais maintenant, elle est énervée et froide. Elle préfère descendre Zack en permanence et me rappeler que la vie n'est que plus belle sans lui, plutôt que de m'epauler. Finalement, les filles font comme elle, seulement, elles le font plus en douceur, plus subtilement.
Elle soupire encore et s'approche pour toucher mon front, bien moins délicatement que d'habitude. Et elle se résout à avouer que je ne ment pas et que j'ai bien un peu de fièvre.

_ je te préviens June, je...
_ si je me sens mieux, j'y vais cet après-midi, promis. Mais je n'ai pas envie de vomir au lycée.
_ tu ne vas pas vomir au lycée. Elle grogne. Tu as juste mal a la tête et un peu de fièvre. D'ailleurs, tu dois manger, si tu veux vomir.

Je roule des yeux.

_ et je vais être en retard moi. Je t'appelle à midi. Oh, et, elle fait, alors qu'elle allait sortir de ma chambre, ne le laisse pas encore plus t'éloigner de tes études et de tes rêves qu'il ne l'a déjà fait.

J'ai aussi remarqué, en plus du fait qu'elle est beaucoup moins compatissante qu'au début, qu'elle ne dit plus jamais le prénom de Zack. Elle dit " il " ou " lui " mais jamais Zack, comme si il était Voldemort et donc celui dont on ne dois pas prononcer le nom. C'est comme si cette syllabe refusais de sortir de sa bouche. Elle doit penser que ça m'aidera. C'est sans succès honnêtement.
Au lieu de descendre petit déjeuner, je trouve le courage d'attraper mon ordinateur et mon portable. Je n'ai plus envie d'avoir des photos de Zack dans ma galerie mais je ne me sens pas prête à les supprimer tout de même alors je vais tout mettre sur mon ordinateur, ordinateurs dont je ne me servirai plus car je vais reprendre l'ancien, et le tour sera joué. Heureusement que je ne l'ai pas encore vendu, c'est une chance.
Je pleurniche un peu en voyant les photos défiler devant mes yeux et je me presse de tout mettre dans un dossier et de fermer l'ordinateur, que je met sous mon lit. Et pendant que j'y suis, je change mes fonds d'écrans et remet comme avant, des photos des filles. Et puis j'enlève aussi toutes les photos développés que j'avais de Zack et moi dans ma chambre. Et je met en vente son costume d'halloween. Je ne sais même pas comment j'ai réussi à faire tout ça. Le costume d'halloween, ce n'est rien, mais les photos et les fonds d'écrans... peut être que Violet avait vraiment raisons après tout et que je les avais vraiment oublié. J'avais mis Zack en fond d'écran sans me poser aucunes questions et j'avais remplacé des photos de nous 5 par des photos de nous 2 en souriant bêtement, comme si ce que je faisais n'était pas méchant. Je les ai complètement oublié, je les ai fait passer au second plan et maintenant, elles sont encore à mes côtés et lui, non. Qu'est ce que j'ai été bête, naïve et aveugle. Je me dégoûte.
Le chat m'attend en bas des escaliers, et miaule dès qu'il me voit. Alors je comprends et pars lui donner à manger dans la cuisine. Je devrai manger, ou au moins grignoter, mais j'ai l'estomac noué alors je vais simplement m'asseoir sur le canapé, devant une rediffusion de l'émission d'Elleen Degeneres de la veille, ce qui m'occupe un moment.
Vers midi et demi et alors que je viens de raccrocher d'avec maman, qui n'a fait que raler de m'écouter lui dire que je me sentais encore mal, on sonne à la porte. Et Violet rentre comme si de rien était, chez moi. J'hausse les sourcils de la voir là, son sac sur son épaule et un petit sac en plastique dans la main.

We Are Bonnie And Clyde ( Part 4 : Begin Slowly ) Onde histórias criam vida. Descubra agora