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Je descend du bus, pleine de colère, et remonte ma rue plus vite que je ne l'ai jamais fait. J'ai ruminé du lycée à l'arrêt de bus et pendant tout le trajet mais maintenant que j'arrive à la maison, je ne suis toujours pas calmé. C'est une des rares fois où je pleure de rage mais ce n'était définitivement pas des larmes de tristesse. Je ne suis pas triste, je suis pire qu'énervée et j'aurai désespérément besoin de taper dans quelque chose, comme Zack le fait.
Je monte les escaliers et ouvre la porte à la volée, au moment où maman rentre en refermant la porte fenêtre. Elle a ses gants sous le bras et une bouteille d'eau dans la main, mais elle lève les yeux vers moi et fronce les sourcils, en s'arrêtant net.

_ qu'est ce que tu fais déjà là ? Tu devais passer l'après-midi et la soirée avec Zack ?
_ oui et bien, Zack m'a quitté, donc je suis rentré.
_ quoi ?! Elle s'exclame.

J'hausse les épaules, comme pour montrer à maman que je n'y peux rien et que c'est comme ça. C'est bien la première fois que je suis aussi déterminée à ne pas me laisser abattre. Je n'ai pas à culpabiliser ou me sentir mal, parce que c'est lui qui m'a largué sans raisons valables.
Maman fronce encore plus les sourcils qu'avant et dépose sa bouteille et ses gants, pourtant sales, sur la commode du salon. Le regard soucieux, elle pose ses mains sur ses hanches et m'observe.

_ tu me mens ?
_ quoi ? Arrête de penser que je te mens tout le temps, maman. Je te dis la vérité, je ne suis plus avec Zack, c'est terminé.
_ mais... enfin, tu ne pleures pas alors que d'habitude tu pleures pendant des jours.
_ d'habitudes... comme si nous nous séparions toutes les deux semaines.

Elle hausse légèrement ses sourcils et secoue lentement sa tête, comme pour me dire qu'elle a tout de même quelque peu raison. Et c'est peut-être vrai... après tout, les périodes de répit sont courtes avec Zack et les problèmes reviennent trop vite. Peut-être qu'il m'a rendu service en me quittant, pour que je passe été super, sans avoir à me prendre la tête et que je débute ma dernière année de lycée plus tranquillement que celle que je viens de passer. Mais je ne peux pas non plus croire qu'il a fait ça volontairement pour moi. Ses histoires de me quitter pour mon bien ne marchent absolument pas avec moi. On ne quitte pas quelqu'un qui vous aime de tout son coeur pour son bien. Mais au moins, je vais pouvoir me concentrer entièrement sur moi et ne plus avoir à me soucier de ce qu'il fait ou de ce qu'il va faire.

_ quand est ce qu'il t'a quitté ?
_ juste après la remise de diplôme. Il a eut son diplôme de fin d'étude mais pas son SAT et le proviseur lui a proposé de redoubler pour pouvoir le repasser et tenter une entrée en fac. Je lui ai demandé pourquoi ça lui posait problème puisqu'il ne voulait pas aller à la fac et il m'a répondu que ce qui lui posait problème, c'était justement de ne pas vouloir aller à la fac alors que moi, j'y irais dans deux ans.
_ quoi ? C'est ridicule.
_ je sais ! Je m'exclame. Mais je n'ai rien put dire ou faire. Il n'arrêtait pas de dire que nous n'avions rien à faire ensemble, que nos vies ne se correspondaient pas assez pour que nous restions ensemble... alors il est parti.
_ comme ça ?
_ comme ça. Et cette fois ci, c'est vraiment terminé.
_ June... tu dis tout le temps ça...
_ non, cette fois c'est vrai. C'est réellement fini entre nous. Je lui ai assez courue après, je l'ai assez retenu. J'ai tout fait pour lui, pour le tirer vers le haut, je me suis saigné pour qu'il ai ce fichu diplôme tout ça pour qu'il me quitte une fois qu'il l'a dans la poche. Non, c'est trop, je n'en peux plus. Moi aussi, j'ai un avenir à préparer, moi aussi, je dois penser à moi. Ma vie tourne autour de lui depuis septembre et je suis certainement passé à côté de centaines d'occasions géniales... mais c'est fini, maintenant. Zack, c'est de l'histoire ancienne. Je ne veux plus jamais entendre parler de lui.

Maman m'observe longuement, la bouche ouverte et finalement, de manière théâtrale, elle penche sa tête en arrière et écarte les bras, en s'approchant de moi, un grand sourire aux lèvres. Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit que je me retrouve écrasé contre sa poitrine et entouré de ses bras, sans pouvoir bouger voir même respirer.

We Are Bonnie And Clyde ( Part 4 : Begin Slowly ) Where stories live. Discover now