We Are Bonnie And Clyde ( Part 4 : Begin Slowly )

4.78

Zack ne cherche même pas son chemin, une fois rentrée dans Queen Anne. Il pourrait être guide touristique, à force de sillonner la ville pour ses commandes en tout genre, il connaît Seattle comme sa poche.
Au milieu de toutes les maisons, plus jolies et cossus les unes que les autres, ils ne se perd pas et roule sans aucun doutes. Puis, il s'arrête contre un trottoir et coupe le moteur. Toutes ces maisons sont immenses et splendides mais celle tout au bout de la rue est grandiose et gigantesque. Je ne vois que le haut mais le portail est énorme, certainement à l'image de la demeure, avec une trop grosse emblème de je ne sais quoi dessus pour que je ne trouve pas cela ringard.
Il cherche je ne sais quoi dans la boîte à gang, en se penchant devant moi. Il y a tout et n'importe quoi dans cette boîte à gang.

_ c'est dans quelle maison que tu dois aller ? En face ?
_ ouais, au bout de la rue.
_ tu y vas tout seul ? Ce n'est pas un peu dangereux ? Je croyais qu'il avait des hommes de main partout dans la ville et chez lui ? Tu es seul toi, c'est beaucoup trop dang... oh mon dieu !

Il se redresse, une arme à feu à la main et referme la boîte à gang comme si de rien n'était. Je m'enfonce au fond de mon siège et fait tout mon possible pour m'éloigner de cette horreur que Zack tiens à la main comme si c'était un vulgaire pistolet à eau. C'est peut-être un faux, finalement.

_ mais c'est... c'est un vrai ?
_ bah.. oui.
_ et tu sors ça de la boîte à gang comme si de rien était ?!
_ June, bébé... il souffle en me souriant légèrement, ce n'est rien.
_ c'est une arme à feu !
_ et tu n'en avais jamais vu ?
_ non ! Je ne suis pas née à SouthPark moi ! Je suis née à WestSeattle !

Il hausse les sourcils et pince ses lèvres.

_ je ne disais pas ça méchamment.
_ ouais, j'ai compris, t'inquiètes.. mais c'est juste un flingue, je pensais que tu en avais un chez toi.
_ non !
_ ta mère est du genre à avoir une arme cachée dans son cellier ou l'armoire de sa chambre. Surtout qu'elle t'a élevé toute seule.
_ ce n'est pas pour ça qu'elle a une arme cachée dans une boîte à chaussures au fond de son armoire ou je ne sais quoi... désolée de te le redire mais... peut-être qu'à SouthPark, c'est courant d'avoir des armes à feu dans la boîte à gang de sa voiture mais à WestSeattle, on a du produit pour dégivrer le pare-brise dans la boîte à gang.

Il roule des yeux.

_ excuse moi, j'avais oublié que tu vivais dans le quartier de Bree Van De Kamp.
_ tu connais Desperate Housewifes ? Je m'étonne.

Il hausse les épaules et lève les yeux au ciel, encore une fois comme si ça semblait évident.

_ et je te signale que Bree Van De Kamp a une arme chez elle.
_ attend moi là, et ne bouge pas, ok ?

Il réussit à coincé l'arme à feu, qu'il a visiblement verrouillé avant, entre la peau parfaite de son dos et la ceinture de son jean. Puis il prend des lunettes de soleil, les enfile, et ouvre sa portière. Il sort dehors et se penche vers moi.

_ ok ? Il répète.
_ hum, ok.
_ essaye de te faire le plus petite possible aussi. C'est un quartier chicos mais c'est aussi le quartier de ce gros con. Fait gaffe.
_ Zack, tu ne peux pas me laisser ici toute seule.
_ c'est hors de question, même pas en rêve, tu ne viens pas avec moi.

J'ouvre la bouche mais il referme la porte et pars chercher son sac dans le coffre. En marchant en direction du portail au bout de la rue, il m'envoie un discret baiser avant de se retourner pour marcher droit, le sac à la main. Je verouille la voiture de l'intérieur comme tout à l'heure. Bizarrement, il a l'air à la fois décontracté et à la fois sur ses gardes et je trouve ça étrange. C'est comme si il voulait montrer qu'il est sûr de lui mais qu'il ne se laissera pas avoir si facilement.
Il sonne à l'interphone, en me regardant discrètement, derrière ses lunettes de soleil. Il est sublime sous le soleil timide, avec sa veste en cuire qui brille grâce aux rayons. Je ne le quitte pas des yeux, jusqu'à ce que le portail s'ouvre, qu'un homme tout sauf chaleureux vienne l'accueillir et qu'il s'engouffre dans l'allée en gravier blanc immaculé alors que le portail se referme.
Je n'ai plus qu'à prendre mon mal en patience. Et l'inquiétude me ronge. Il pourrait se passer n'importe quoi là bas et j'ai aucuns numéros des collègues de Zack, que je pourrais appeler en renfort s'il lui arrive quelque chose. Je sais qu'il a une arme pour se défendre et je sais qu'il sait se défendre mais je rêve de le voir passer ce portail et rentrer dans la voiture. J'espère qu'il ne prendra pas trop de temps parce que je vais finir par sortir de la voiture et escalader le portail pour aller le chercher alors que c'est loin d'être dans mon tempérament. Je crois que je serai capable de le faire pour lui.
Sur le groupe chat, les filles ont envoyés plusieurs messages concernant une vidéo drôle que je prend le temps de regarder et de commenter aussi. Du coin de l'oeil, je vois enfin Zack marcher en direction de la voiture. Je me redresse et déverrouille la voiture. Enfin !
Il balance le sac désormais vide à l'arrière et regagne sa place avant de se tourner vers moi.