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Assis près de la vasque du lavabo de la salle de bain, les jambes dans le vide, Zack ne bouge pas parce que je suis debout devant lui et le soigne, en ignorant ses râles. Il n'a pas mal, enfin c'est ce que je suppose, il a l'habitude, mais il déteste se faire soigner, avoir des pansements...
Mais j'avoue que je profite du fait de tapoter ses blessures avec des cotons pleins d'alcool desynfectant pour scruter tout son visage. Je le force à défroncer les sourcils pour soigner son front correctement.

_ tu étais ridicule.
_ merci...
_ sérieusement. Tu n'avais qu'à le laisser dire. Il ne t'insultait même pas !
_ clebard enragé, putain de pédale... je prend ça comme des insultes.
_ comparé à ce qu'on te dit ou ce que tu dis d'habitude, ce n'était rien. Tu... je jete le coton, tu es un gamin, Zack. Un petit garçon qui adore jouer à la bagarre.

Il roule des yeux.

_ tu sais très bien que je suis comme ça.
_ tu es chiant. Et vraiment ridicule. Imagine que tu l'ai tué ? Tu ne sais même pas maîtriser ta force.
_ si.
_ on l'a laissé gisant par terre, Zack !
_ il degeulait juste un peu de sang... il a dut se relever 30 secondes après qu'on soit parti pour vendre sa putain de beuh, qui au final est notre putain de beuh.

Je me recule un peu, des petits straps à la main. Et je le regarde.
En fait, je n'ai même pas trop compris pourquoi ils s'étaient battus comme deux lionceaux en surdose de testostérone.
À son tour, il me regarde aussi, en se demandant pourquoi j'arrête de jouer au docteur, alors qu'il m'avait répété qu'il n'avait pas besoins d'être soigné et que je lui avait soutenue que si.

_ c'est quoi cette histoire, d'ailleurs ?
_ Martys bossait avec nous et il s'est barré en volant avec lui je ne sais plus combien de kilos de beuh pour lancer sa petite entreprise de son côté. On a perdu de la marchandise et des clients à cause de cet enculé.
_ en quoi ça te dérange, toi ? Je veux dire... tu n'es qu'employé.

Il pouffe de rire.

_ donc tu considères ça comme un vrai job, maintenant ?
_ je ne sais pas... tu défends ça comme si c'était un véritable job. J'hausse les épaules. Mais moi je ne comprend pas pourquoi tu prends du trafic de drogue tant à coeur.
_ ce n'est pas juste du trafic de drogue, June. Il soupire.
_ et bien... si.
_ ça me permet de bouffer, de me débrouiller et de bientôt pouvoir me barrer de chez mes parents.

Je soupire en expirant entièrement l'air de mes poumons. C'est peut être une excuse pour faire ce qu'il fait, de me dire qu'il veut prendre son indépendance mais je ne peux pas rester de marbre devant lui.
Je repose ma boîte de pansement et mes straps pour croiser mes bras sur ma poitrine.

_ tu veux me parler de tes parents ?
_ quoi ? Il s'exclame, non !
_ je te demandais juste...
_ je t'ai déjà dit que je ne voulais pas en parler.
_ oui mais... tu as 17 ans, tu veux partir de chez toi, tu ne me dis jamais rien sur eux... c'est bizarre.
_ ils sont bizarre.
_ ton frère est sympa.
_ ouais, c'est juste eux qui sont bizarres. Ils sont cons, vraiment, c'est des connards.

J'hausse les sourcils, tandis qu'il se penche en avant pour appuyer ses avants bras sur ses cuisses, sans perdre l'équilibre.
Honnêtement, il me fait de la peine. Il ne doit avoir aucuns soutiens dans sa propre maison et ça me brise le coeur. La colère de sa bagarre disparaît comme celle des dernières semaines quand je pense à l'amour et l'attention qui doit lui manquer.

_ tu es sûre que tu ne veux pas m'en parler ? Je suis une bonne écoute.
_ non. Et toi, tu veux me parler de ton père ?

J'écarquille les yeux et ma respiration se bloque. Comment sait il pour mon père ? Qui aurait put lui dire ? Je ne pense pas que les filles soient assez proche de lui pour lui en avoir touché un mot, et encore moins maman. À part elles, personne ne le sait.
Je ne voulais pas qu'il sache pour ne pas qu'il ai pitié mais visiblement, il est au courant.
Il me fixe, en attente d'une réponse. Mais je crois qu'il me cherche un peu.

We Are Bonnie And Clyde ( Part 4 : Begin Slowly ) Where stories live. Discover now