Chapitre 76 : Les Protecteurs

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Mes yeux se plissèrent immédiatement lorsque le mot « protecteur » sortit de sa bouche.

Ce mot m'était familier car il appartenait au vocabulaire du Capflag. J'avais moi-même joué une fois à ce poste lors de mes premiers jours à Diafosa et dieu seul sait combien cela avait été éprouvant. Rester dans la zone pour protéger un maudit drapeau, voilà une tâche parfaite pour un Dragon, mais trop exténuante pour la gamine que j'étais, malgré que les faits se soient passés il n'y a pas si longtemps que ça.

J'avais pris en maturité en seulement quelques mois certainement grâce à l'enseignement strict et poussé de l'école, mais surtout avec toutes les horreurs et révélations qui m'étaient tombées sur le dos. Apprendre à mentir, se cacher, manipuler ... je ne l'avais jamais fait auparavant. Voilà pourquoi le mot « protecteur » me débectait au plus au moins car il me rappelait ce genre de souvenirs amers dont je ne m'étais toujours pas détachée.

- Les protecteurs, tu dis, en voilà un joli mot, concédai-je avec un sourire triste, mais très peu pour moi.

- C'est pourtant ce que nous sommes, hélas. Nous ne marchons pas aux cotés des divinités et encore moins des descendants qui perpétuent depuis des décennies cet esclavagisme. Ils nous ont enlevé à nos pères et nos mères puis ont tué nos enfants ... est-ce que tu sais ce que tes ancêtres ont vécu, Dragonne ? L'incompréhension est lisible sur ton visage, et cela me donne d'autant plus l'envie de te tuer, me rappela le Minotaure en tendant les bras vers le ciel certainement en leur hommage. Mais, j'ai compris qui tu étais en regardant ton cœur. Pourquoi te tiens-tu à coté de ce monstre ?

Leith semblait dormir à poings fermés et pour le coup, ça ne me déplaisait pas, au risque qu'il entende toute cette conversation.

- J-je ne suis qu'à moitié Dragonne, me justifiai-je en sachant que cette excuse était pitoyable. J'ignore encore beaucoup de choses sur mes origines et sur moi-même, je n'ai que dix-huit ans ... et je sais que tous les descendants ne méritent pas un sort aussi triste que la mort. Comment trouver une paix durable entre toutes les espèces si nous continuons ce genre d'horreur ?

Le rire du Minotaure se perdit entre les murs du labyrinthe.

- Après plus de cinq cents ans d'existence, laisse moi te dire une chose, jeune protectrice. Ton idylle n'arrivera jamais, peu importe le nombre d'années que tu y consacreras, cent ans, deux cents ans, six cents ans, milles ans, toute une existence n'est pas suffisante pour mettre en place ce que tu souhaites pour la simple et bonne raison qu'il existe des gens mauvais dans ce monde et tout particulièrement les divinités. Tu ne pourras ni les arrêter pacifiquement, ni les faire changer. Peut-être que tu penses avoir fait un pas victorieux grâce à l'amour illusoire qu'ils te portent, mais je te préviens, cela ne tardera pas avant qu'ils te trahissent. Réfléchis bien à ce que je te dis et quand ce moment fatidique arrivera, je te demande de considérer l'offre de la confrérie des protecteurs.

- La confrérie des protecteurs ?

- J'ai sondé ton âme en discutant avec toi, Dragonne. Tu n'es pas mauvaise et tu hésites, je le vois très bien. Si tu arrives à m'entendre, je sais aussi que tu sauras garder ce secret. Les protecteurs sont loin d'avoir disparus. Une révolution se prépare et ce n'est qu'une question de temps avant que les descendants olympiens disparaissent à jamais, me promit-il avec un regard noir.

- Je ne te laisserai pas faire ! criai-je en tapant ma poitrine avec force lorsque l'image d'Alec apparut dans mon esprit.

- C'est ce que nous verrons.

Des bruits de course firent écho dans le labyrinthe. Je me figeai sur place alors que le Minotaure tendit la main pour arracher le collier accroché à son torse. Un petit cercle en métal dont une pierre blanche gisait au centre pendait au bout de la chaîne. L'homme taureau me la lança tout en me disant avec confiance :

- Tu es la porteuse, Ambre, celle que nous cherchons depuis des années. Tous les protecteurs savent qui tu es et tu es très convoitée autant par les divinités que le conseil surnaturel. Il va falloir que tu choisisses un camp et je sais déjà lequel tu rejoindras. Ne parle de cette conversation à personne, et si jamais tu veux nous aider, montre ce collier au bar des Écailles Noires, demande Staline et viens seule.

Le Minotaure fit un pas dans ma direction puis un deuxième, mais j'étais beaucoup trop concentrée sur toute cette histoire de confrérie et mon rôle à jouer dans cette histoire. Lorsque le Minotaure resta posté qu'à quelques centimètres de Leith, je me tournai brusquement, prête à le réduire en poussière avec mes flammes s'il osait poser un seul doigt sur lui, mais il m'en dissuada en levant une main solennelle en me promettant qu'il ne le toucherait pas. Il fouilla la poche de Leith puis prit une clés aussi minuscule qu'un insecte.

- Nous aurons une meilleure occasion de le tuer, concéda-t-il. Je te laisse trouver une excuse à ma disparition.

Sur ces mots, le Minotaure écrasa de son poing la petit clés qui se réduisit instantanément en une poussière bleue. La poussière virevolta dans les airs pendant un cours instant avant de former un gigantesque portail qui produisit une bourrasque de vent.

L'homme taureau s'engouffra silencieusement dedans puis le portail disparut aussitôt.

Alors que j'allais enfin pour reprendre ma respiration et réfléchir sérieusement à tout ce qu'il venait de se passer, Alec posa sa main sur mon épaule, et pour la première fois, je ne sursautai pas.

- Ça va ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Je me retournai pour découvrir son visage tiraillé par l'inquiétude. Ses cheveux étaient aussi en pagaille que ceux de Leith, toujours allongé sur le côté. Sa question était totalement justifiée vu l'état du labyrinthe qui ressemblait plus à un dépotoir qu'autre chose. Aucun mur ne se tenait debout et la zone avait était réduite en poussière par le « kamé hamé ha » du Minotaure.

- Tu m'écoutes ?

J'allais parler, mais me retins aussitôt. Dire la vérité à Alec ? C'était pourtant ce que je comptais faire à l'instant où le Minotaure m'avait dit de garder ça secret, et pourtant, les mots ne voulaient pas sortir de ma bouche. Si j'en parlais, je devrais aussi lui raconter tout de mon identité. Mes origines draconiennes, Kallisté, le massacre de mon peuple, et ... quand bien même Alec comprendrait ma situation et me pardonnerait pour mes mensonges, je suis certaine qu'il ne voudrait pas s'embêter davantage avec le fardeau de mon passé.

Nous avions déjà eu cette conversation pas plus tard qu'hier soir. Alec comprenait les raisons de mon silence et n'insistait pas pour me faire parler. Je saisissais désormais pourquoi. Après tout, il y avait déjà Hélène ...

- Il faut s'occuper de lui, m'entendis-je dire en pointant le descendant de Zeus.

Alec secoua la tête et baissa les yeux, comme si je venais de commettre l'irréparable. Savait-il que je lui cachais quelque chose ou était-ce à cause de Leith ? Je n'aurai certainement jamais la réponse.

Lorsqu'il releva la tête, son regard aussi dur et froid que la pierre me donna des frissons dans le dos. Il s'avança vers Leith, toucha son torse puis partit dans un nuage de fumée, me laissant seule dans le labyrinthe.

___

Ça va la fin, pas trop douloureuse ? Le premier qui me dit le contraire, je l'attache à Vlad pendant une journée entière 🥲

J'espère que ce chapitre, certes court, mais où on apprend pas mal de choses, vous a plu ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ou même à me faire part de vos conseils pour l'améliorer 😋

#hymnenational en média.

À Jeudi !

GOD'S RETURNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant