Chapitre 88 : Comme Un Lundi

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- Les protecteurs ? répéta Leith en se rapprochant d'un pas menaçant. C'est quoi cette histoire ?

Et merde !

- C-c'est long à ...

- Ne me dis pas que tu le savais depuis le début ?

Une expression douloureuse marqua le visage de Leith. Je secouai vigoureusement la tête, choquée qu'il puisse penser une seule seconde à une possible trahison.

- Non ! Leith, je te jure que je ne savais pas qu'ils avaient attaqués Atlanta !

Leith se reprit immédiatement avant de plisser douloureusement les yeux. Lorsque son regard froid se posa dans le mien, je sus que mes explications ne changeraient jamais ce quiproquo. Le descendant de Zeus arborait le même visage qu'à notre première rencontre.

- Alors pourquoi est-ce que tu n'as rien dit ! gronda-t-il d'une voix méconnaissable avec une lueur démente dans les yeux.

- Je ne savais pas quoi faire, avouai-je, et j'avais peur que ...

- Ça suffit, cracha-t-il en se retournant. Tu seras interrogée avec Luck dès lundi et je te jure que si tu t'enfuis je-ne-sais-où,  je te retrouverai, m'avertit-il en jetant son mégot dans les buissons.

La gorge sèche, l'estomac noué, je regardai Leith quitter le jardin sans même me lancer un dernier regard. Puis, vint des frissons et un vide que je ne pus exprimer avec de simples mots. Ça ne pouvait pas venir de son absence ou de sa déception. Je ne portais pas Leith dans mon coeur contrairement à mes autres amis ... du moins c'était ce que je pensais avant aujourd'hui.

Lui et moi étions diamétralement opposés et si j'avais accepté de collaborer au départ, ce n'était que dans mon propre intérêt. Depuis quand est-ce que j'avais changé d'avis ? Lors de notre conversation au clair de lune sur l'Olympe, pendant les jeux ou bien cet après-midi ? Aucune idée, mais en ce moment même, ça me terrifiait bien plus que d'avoir à affronter ces maudits protecteurs.

- J'en ai assez vu, murmura ma grand-mère en ramassant sa canne avant de rejoindre la maison.

Seule, je m'assis sur ma balançoire et regardai le soleil se coucher derrière les montagnes. Le temps sembla s'arrêter pendant quelques secondes et j'aurais juré apercevoir un éclair jaillir dans le ciel violacé.

___

Lundi.

Autant vous dire que j'avais passé le week-end le plus long de mon existence. Grand-mère Nita n'avait pas lâché un mot du repas et était partie dans la soirée avec sa vieille voiture sans même me dire un au revoir.

Ma mère avait l'habitude des humeurs tordues de cette femme et n'ajouta rien de plus, mais elle savait que quelque chose clochait surtout lorsque j'avais refusé de goûter à ses crêpes. Je regrettai de ne pas rester davantage avec ma mère, mais je n'étais certainement pas d'humeur à profiter innocemment de mon week-end.

Les protecteurs étaient certainement derrière le meurtre de mon père et Leith pensait que j'avais trahi l'école entière. J'avais fait le bon choix, je le savais au fond, et pourtant, une petite pointe de culpabilité m'empêchait de bien dormir.

GOD'S RETURNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant