GOD'S RETURN

Chapitre 39 : Amour & Trahison

Sara m'avait laissée repartir seule à la cafétéria, en me promettant de nous rencontrer demain pour notre première leçon. Avoir découvert son véritable visage me comblait de joie, malgré sa froideur. Il valait mieux avoir affaire à quelqu'un d'honnête, qui me dirait tout ce qu'elle savait sur les divinités plutôt qu'une Céleste en puissance. J'en étais persuadée, Sara détestait autant que moi Leith, et si je pouvais l'utiliser à mes dépends, je m'en contenterai.

Une goutte de sueur, scintillante à cause des rayons du soleil, perlait déjà sur mon front lorsque j'entrai dans la cafétéria. Les bavardages allaient bon train, et les regards en coin étaient toujours aussi énervants. Pourtant, les jeunes surnaturels ne semblaient pas s'intéresser le moins du monde à ma tête de déterrée, et je compris immédiatement pourquoi, lorsque je posai mes yeux sur la table près de la sortie : aucun loup garou n'était au rendez-vous.

Ali me fit signe de rejoindre sa bande d'amis, tout croc dehors et bouteille de sang en main. La nouvelle devait les réjouir.

— Avec ces cernes, on pourrait presque croire que tu es l'une des nôtres, s'esclaffa-t-elle avant de boire une gorgée.

— Oh, ouais.

— T'es au courant pour les loups ? Plus de la moitié s'est volatilisée durant la nuit ! Apparemment, leur transformation aurait mal tourné et ... paf ! Plus de chiens ! s'égosillait un jeune vampire dont les longs cheveux argentés trempaient dans son assiette.

Je crispai le poing en scrutant les rires grossiers de ses camarades. Cracher tout haut le fond de ma pensée ne m'attirerait que des ennuis, et dieu sait que j'en avais suffisamment comme ça. À l'exception d'Ali, il était rare de voir des vampires à la cafétéria, en particulier lorsque le soleil était à son zénith. Ils supportaient sans mal la chaleur, mais une exposition trop récurante et longue les vidait de leur énergie.

Le couteau à ma droite me faisait de l'œil. J'aurai rêvé le planter dans leurs yeux pour les faire taire. Ali resta de marbre, puis finit par se lever en jetant des regards en arrière.

— Suis-moi, m'ordonna-t-elle en prenant son plateau à peine entamé.

Je n'avais pas mangé depuis la veille, et malgré les gargouillements de mon ventre, mon appétit n'était toujours pas de la partie.

Ali fut la première dehors, près d'un banc dont la nouvelle peinture empestait l'air.

— Je sais ce qu'il s'est passé, avoua-t-elle en faisant la moue. Mais je devais faire semblant devant mes ...

— Faire semblant ? la coupai-je en la tenant par l'épaule. Avoue que tu es heureuse au fond !

— Je déteste les loups garous, parce qu'ils sont mes ennemis naturels. Je n'ai pas choisi d'être qui je suis, Ambre, et si tu étais un vampire, tu le comprendrais. Mais, ce n'est pas pour autant que je souhaitais leur mort. Certains d'entre eux étaient des rivaux que j'aimais beaucoup exterminer pendant les matchs, mais cela s'arrêtait là.

— Comment tu es au courant ?

— Mon frère me l'a dit. Leith l'a laissé entendre aux membres du conseil, en guise d'avertissement. J'imagine que les chefs n'ont pas voulu avouer à leurs protégés qu'un homme à lui tout seul avait exterminé plus d'une vingtaine de loups.