Chapitre 17 : Riva, La Protectrice

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Hélène et moi montions à présent les escaliers du dortoir, qui craquaient sous nos pas pressés. Malgré mes deux jours de sommeil et la guérison totale de mes blessures, j'étais complètement épuisée et rêvais de me plonger bien au chaud dans mon lit. Nous croisions par intermittence des étudiants dans les couloirs encore debout malgré l'heure tardive, certainement pour réviser dans la salle commune du dortoir qui comptait nombres d'ouvrages et d'ordinateurs à la pointe de la technologie.

Mais leurs regards appuyés commencèrent à m'inquiéter. Si d'habitude je passais plus ou moins inaperçue, ce soir leurs regards surpris et inquisiteurs scrutaient le moindre de nos faits et gestes. Lorsque des murmures commencèrent à s'élever, et que je voulus demander à Hélène ce qu'ils se passaient, un garçon jaillit de nulle part en tenue de sport, écarquilla ses yeux globuleux et vint m'accoster en m'empoignant la main d'une façon virile et amicale.

— Eh, Riva ! Tu vas les défoncer, on compte sur toi ! me cria-t-il au passage.

Je l'ignorai et continuai mon chemin, non sans lui jeter un regard sceptique. Hélène semblait gênée par la situation mais s'abstint de tout commentaire.

— Qu'est-ce qu'ils ont encore ? demandai-je en évitant un groupe de garçons qui nous firent un signe de la main.

— Certains étudiants savent que tu participes au match. Ils ont entendu parler de ton saut et de l'intérêt que te porte Leith, ils ont tous hâte d'y assister. Mais ne t'inquiète pas, ils comprendront si tu ne participes pas ! s'empressa-t-elle d'ajouter en levant les mains.

— Hélène, je compte y aller, avouai-je avec une moue inquiète. Et avant que tu ne me contredises, je suis déterminée. Personne ne me fera changer d'avis, pas même ma mère adoptive.

— Je savais que tu n'allais pas changer d'avis, mais je voulais quand même tenter, fit-elle avec un sourire. Je t'en prie, sois prudente.

— Est-ce que les étudiants sont au courant de ce qu'il s'est passé avec Alec ? demandai-je en refoulant un haut le cœur.

— Non. Il n'y a qu'Angie, Ali, Mike, Diana et moi. Peut-être les autres divinités aussi.

— Pardon ? Les descendants olympiens ?

— Personne n'a réellement balancé l'info. C'est une sorte de lien qu'ils partagent entre eux seuls. Alec a utilisé un pouvoir assez puissant, je suppose qu'ils l'ont tous senti.

Elle s'arrêta un moment le temps d'enfoncer la clé dans la serrure.

— Pour une fois que le terrifiant Alec exploite autre chose que sa téléportation, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

Mouais. Et maintenant, il allait certainement me faire payer mon impertinence. Génial.

Lorsque nous rentrâmes, Saphira était enfermée dans sa chambre avec sa musique rock à fond. J'étais beaucoup trop exténuée pour lui demander quoi que ce soit et partis aussitôt dans ma chambre. Je jubilais à l'idée d'un bon bain mousseux pour détendre la tension de mes épaules.

L'angoisse me tiraillait le ventre.

Je n'étais absolument pas prête pour le match de demain. Certes, j'avais pu contrôler mes flammes à ma guise lorsque j'avais combattu — pardon, tenté de combattre — Alec. Mais... c'était seulement sous le coup de la colère que j'avais accompli cet exploit. Et puis comme si cela ne suffisait pas, il y avait encore beaucoup d'autres questions qui hantaient mon esprit.

Pourquoi mon père avait quitté Diafosa ? Devais-je tout révéler à ma mère ? Quelle était la menace qui pesait sur le campus ? Mes motivations étaient-elles réellement louables ? Tout ce que je souhaitais, c'était qu'Angie et les filles soient saines et sauves, mais au fond le sort des autres élèves ne m'intéressait pas plus que cela. Je n'étais pas cette héroïne prête à se sacrifier pour des inconnus, et je ne le serais certainement jamais.

GOD'S RETURNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant