Chapitre 6 : Chaleur

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— Ambre ! ... llez tu vas être... Ambre !

Quand j'ouvris les yeux, la Hélène au visage crispé faillit m'arracher un petit rire. Elle était plus maquillée que la veille et avait attaché ses longs cheveux roux en une élégante tresse. Elle portait une robe bouffante, avec un col en dentelle. Bref, une tenue pour faire flancher un garçon.

— Qu'est-ce que tu fais avec tes sourcils ? Et c'est quoi ce sourire bizarre ? me questionna-t-elle en arrêtant d'abuser sur le parfum.

— Oh rien, rien... Tu es si facile à cerner, me moquai-je en m'étirant bruyamment.

— Hein ? De quoi tu parles ? Zut, tu m'embrouilles le cerveau, Ambre ! Il faut que tu y ailles maintenant, tu dois voir Alec. Si jamais tu es en retard, je crois bien qu'il te fera la peau cette fois !

Elle faisait désormais des va-et-vient dans la chambre. Maintenant qu'il faisait un grand soleil, je pouvais enfin faire connaissance avec ma nouvelle demeure. Comme nous étions au dernier étage, le plafond en bois était étrangement bas. Néanmoins, l'espace exigu ne me gênait pas le moins du monde, je trouvais même cela chaleureux, alors que j'avais pourtant horreur des petits espaces. Une poutre traversait le plafond, et une grande fenêtre donnait vue sur un grand lac, certainement celui de la veille. La pièce était élégamment décorée, et il n'y avait pas trop de meubles.

Un bureau se tenait à droite de la fenêtre, avec un rocking chair en velours brun. À ma droite, une grande commode blanche reposait à proximité de ce qui semblait être mes valises. J'annonçai à Hélène que j'avais besoin d'une bonne douche, qui faillit s'évanouir à cette nouvelle. Elle ignorait complètement ma rencontre avec Alec la veille, et je n'avais franchement pas envie d'avouer que j'étais dans un piteux état cette nuit.

Après cette douche revigorante, je me sentais prête à affronter n'importe quoi. J'enfilai l'uniforme qu'Hélène m'avait emmené. Il se composait d'une chemise blanche, d'une jupe et d'une cravate noire ainsi qu'une veste accompagnée d'un petit blason sur la poche du devant, un faucon blanc, sûrement l'emblème de l'école. Je me refusais de mettre la jupe, par manque d'expérience, j'avais malheureusement tendance à sauter partout sans faire véritablement attention là où je mettais les pieds. J'optais donc pour un short noir et les chaussettes montantes que ma mère m'avait offerts à noël.

— T'as fini ? Il est neuf heures ! paniquait ma chère colocataire avec une voix étrangement aiguë.

Je sortis donc en vitesse. Hélène me poussa en direction de la porte sans prendre la peine de prendre son sac. La peur qu'elle ressentait envers Alec en était presque drôle. Je ne voulais pas que ma coloc meure d'un infarctus, ainsi je me laissai traîner rapidement dans tout le campus, et l'écoutai se plaindre de mon sommeil profond.

Si elle savait.

— Bon, je te laisse ici. Un Tilion devrait venir te chercher dans quelques minutes, je n'ai pas le droit d'entrer.

— Pourquoi ?

Hélène leva les yeux au soleil et soupira.

— Parce que je suis une Lomenlindi. Les fées n'ont pas le droit d'entrer dans le repère des autres sections, et inversement.

Elle partit en direction du bâtiment principal en sautillant joyeusement. J'étais vraiment curieuse de savoir avec qui elle avait rendez-vous. Mais pour l'instant, je devais me préoccuper de ma survie. Une rencontre avec Alec avec ce qu'il s'était passé la veille me mettait dans de beaux draps. En attendant le Tilion, je m'imaginais donc tous les scénarios possibles.

Arrh ! décidément lui parler après ce qu'il s'était passé me semblait insurmontable. Il devait certainement penser que j'étais une pauvre fille ridicule.

GOD'S RETURNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant