Chapitre 44 : Souvenir ( II )

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Alec resta figé quelques secondes, le temps qu'il assimile parfaitement la réponse du Général.

- « Tuer ? », se répétait-il inlassablement.

Très vite, des images d'horreur troublèrent sa vision. Sa petite sœur, inerte au sol, dont la jambe formait un angle à 90°, et du sang.

Beaucoup de sang.

Pas seulement celui de sa sœur, non, mais celui des autres aussi. N'y aura-t-il donc personne qui se souviendra d'elle à part lui ? Devra-t-il vivre avec cette solitude jusqu'à la fin de ses jours ? Alec ne s'en sentait pas capable. Plus que tout, il aimait sa sœur. Elle était devenue sa raison de vivre, le point d'ancrage qui lui permettait de ne pas devenir fou. Sans elle, qui serait-il aujourd'hui ? Un gamin sanguinaire, violent et sans âme, prêt à tuer la moindre personne qui le froissait. Sa mère ne lui aurait jamais pardonné une telle chose. Jamais.

- Alec ?

Le jeune garçon sursauta lorsque la main de sa sœur se posa sur son épaule. Il reprit conscience de l'endroit où il était, désormais désert. Les domestiques, ses demis frères et sœurs, et le Général avaient quitté le gymnase, sans même qu'il n'y fasse attention.

- Ne t'inquiète pas, on va trouver une solution pour rester ensemble, la rassura-t-elle avec un sourire angélique.

Alec fut d'abord surpris d'entendre une telle chose sortir de sa bouche. Aria était optimiste, mais pas stupide.

Une larme perla alors sur sa joue. Chaude et crépitante, elle ne demandait qu'à s'évaporer, mais que pouvait-il faire seul ? La situation était perdue d'avance.

_____

Quelques heures s'étaient écoulées depuis. Les deux enfants avaient rejoint leur dortoir, où une ambiance sinistre régnait dans la pièce. Le cafteur, Harry, pleurait à chaudes larmes enfouis dans son oreiller, et l'autre gamine, Rose, fixait le plafond avec une expression sans vie. Ils avaient abandonné, comme Alec.

- Nous ne pouvons pas les laisser faire, s'indigna Aria en tapant du pied. Nous devons partir !

Alec ne répondit pas à sa remarque. Il savait qu'il n'y avait aucune issue possible, combien de fois avait-il essayé ? Quand bien même ils réussiraient à gruger le personnel, passer les barbelés et sauter un mur haut de dix mètres, qu'allaient-ils faire ensuite ? Pour aller où ? Leur vie était beaucoup trop précieuse pour qu'on les laisse partir, Alec le savait bien.

- Quelqu'un a une idée ? demanda Aria en s'approchant de sa demie-sœur.

Rose ressemblait à une fille modèle avec son habituel air supérieur. Toujours à l'heure, et dotée d'une extrême intelligence, personne ne pouvait la surpasser au niveau cérébral, mais son endurance la mettait bien souvent en échec. Alec la détestait. Il les détestait tous. Pourtant, il faillit changer d'avis lorsque la gamine se redressa sur son lit. Ses tresses nouées en un chignon se balancèrent au rythme de sa réflexion.

- Si le Général était ici, je te dirais que nous ne devons pas prendre une telle décision, Aria. C'est un honneur de mourir pour la cause de Zeus. Si tu avais écouté en classe, peut-être que tu l'aurais compris, mais ...

- Ne nous dis pas que tu t'en contenterais, la coupa Alec en serrant les poings. On n'a que huit ans et on devrait crever pour un type qu'on n'a jamais vu ?!

- Est-ce que tu sais au moins pourquoi ils veulent nous tuer ? Si personne le fait, le gêne d'Hadès se transmettra à l'un de nous quatre. Tu veux que ta sœur devienne l'esclave de Zeus pour toujours ? s'emporta-t-elle en bondissant de son lit. À ton avis, pourquoi ils nous entraînent ? Garder le plus fort est tout ce qui compte, et je préfère mourir plutôt que vivre une telle torture.

GOD'S RETURNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant