Chapitre 140 : Mon Premier Trésor

9.7K 825 395
                                    


- Même si nous appartenons au même clan, vous n'êtes pas de ma famille, le contredis-je en pensant aussitôt à ma mère et mon père.

Certes, j'avais toujours un certain égard pour les Protecteurs et en particulier les Dragons. D'abord, parce que ma rencontre avec le Minotaure m'avait fait ouvrir les yeux sur leur identité, mais aussi une partie de mon histoire. J'avais même menti à Leith pour cacher ce qu'avait fait le terrible taureau, sans même avoir de raison valable. Ensuite, il y avait Anna ou Staline comme elle aimait bien se faire appeler. Je lui en voulais encore de m'avoir effacé la mémoire et celle d'Amael, mais le traumatisme qu'elle avait subi et son courage m'avaient prouvé malgré tout qu'elle n'était pas si mauvaise.

Aucun d'entre eux ne l'était.

Il n'y avait ni gentils, ni méchants dans toute cette histoire, seulement des personnes qui avaient trop souffert de leur condition et souhaitaient y remédier. Mais, ce dernier point posait problème. Les Protecteurs usaient de méthodes barbares, loin des valeurs morales que m'avaient transmises mes parents. Pour cette unique raison, nous n'appartenions pas au même monde.

Les descendants n'étaient pas des anges non plus. Seul Alec avait le même sens de la justice que le mien, lorsque Leith ne lui donnait pas des missions horribles sur le campus ou ailleurs. Sara, Amael ... et même Leith méritaient d'être écoutés et sauvés. Je ne souhaitais pas jouer le rôle du bon samaritain, car je savais ce qui allait m'arriver ensuite. Je n'avais ni l'envie de m'attacher à eux, ni de les voir disparaître. Pourtant, il y avait un gouffre entre les objectifs que je m'étais fixés en arrivant à Diafosa et les actions que j'entreprenais aujourd'hui.

- Ce qu'il dit est vrai, Ambre, ajouta Mi chose qui me mît aussitôt en colère. Pourquoi ne pas montrer votre réelle apparence ? Il n'y a personne ici.

Le rouquin fut surpris par les dires de la créature. Ce n'était sans compter sur mon incompréhension. Les surnaturels ne pouvaient pas être clairs pour une fois dans leur vie, bordel de merde ?

Le Dragon recula d'un pas, puis dans un souffle murmura :

- J'espère que tu me pardonneras.

Avant même que je lui réponde un « dans tes rêves » bien dramatique, le Dragon fut recouvert d'écailles noirâtres similaires à celles qui recouvraient la peau d'un serpent. Elles apparurent d'abord sur sa main, puis son cou et sa tête, jusqu'à ce qu'il en soit entièrement recouvert. Elles brillaient sous la lune et dansaient sur sa peau en émettant un son indescriptible, un peu comme un froissement de drap. Puis, lorsque l'étrange spectacle prit fin, je crus d'abord à une mauvaise blague.

Ses cheveux noirs de jais attachés en un chignon lasse et ses yeux pétillants de la même couleur que les miens me rappelaient des souvenirs tendres et heureux que je pensais perdus à jamais. Sa barbe avait poussé, trop poussé, si bien que je doutais pendant quelques secondes qu'il s'agisse réellement de lui. Puis, son sourire aimant fit balayer le moindre doute, et de nouveau un soleil réchauffa mon cœur, avant que la peur et la méfiance prennent de nouveau le dessus.

Depuis ma rencontre avec le monde surnaturel, et tout particulièrement le descendant d'Apollon, j'avais appris à me méfier des apparences.
Devais-je réellement croire à ce que je voyais ou était-ce un piège ? La tête me tournait tant qu'il m'était presque impossible d'émettre la moindre pensée cohérente.

Une lueur étrange attira soudain mon attention.

Un médaillon rougeâtre accompagné d'une petite pierre cabossée que j'avais trouvé lorsque j'étais âgée de seulement un an : mon premier trésor.

- Papa ?

Prononcer ce mot me donnait l'effet d'une douche froide. Ma gorge était si nouée, sèche et ma voix si rauque que je craignais qu'il n'ait rien entendu.

GOD'S RETURNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant