Chapitre 110 : Le descendant de Zeus

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Point de vue de Leith

Lorsque le mot « Alec » était sorti de sa bouche, j'avais perdu tout contrôle. Un prénom aussi sale, qui n'inspirait rien d'autre que le dégoût, ne pouvait être prononcé par une voix aussi délicate que la sienne.

« Ne confonds pas ma pitié avec de l'affection ».

Je n'y croyais pas un seul instant.

Elle, aussi bien que moi, sentait cette intense connexion qui nous liait l'un l'autre. Je n'avais pas rêvé nos échanges équivoques ni les rares sourires qu'elle m'avait adressés. Ambre se mentait à elle-même. Ce n'était pas d'Alec dont elle était amoureuse. Il ne restait plus qu'une seule paire au monde unissant Berserk et Dragon, et elle était ici, à Diafosa. Nous étions ces deux êtres et Ambre ne pouvait être avec personne d'autre que moi, c'était pourtant évident.

- Leith !

La brûlure sur ma joue me ramena sur terre. Je compris qui en était à l'origine lorsque la petite Dragonne leva un regard larmoyant vers moi. Sa main était encore en l'air, tremblante, et ses lèvres rougies par notre échange.

- D-déso...

Je laissai ma phrase en suspens sans quitter une seule seconde du regard ses magnifiques yeux ambrés qui avaient le don d'apaiser tous ceux qui tombaient dessus. Un seul regard suffisait pour oublier, ne serait-ce qu'un instant, mes problèmes et mes responsabilités.

Mais, pourquoi devrais-je m'excuser ?

Ambre ignorait totalement ce pour quoi elle avait été créée. Contrairement à moi, elle n'avait aucune idée des enjeux sur lesquels reposaient notre destiné. Et qui, encore une fois, avait réduit à néant tous mes efforts ? Tous mes espoirs ?

- Navré de t'avoir brusquée, je voulais seulement te calmer, mentis-je en la voyant mordre ses lèvres.

- Me calmer ? répéta-t-elle aussitôt en fronçant les sourcils. C'est toi qui as besoin d'être calmé. Non, tu sais quoi ? Tu devrais être enfermé quelque part et ne plus jamais en sortir !

Un sourire m'échappa lorsque ses paroles firent écho dans les vestiaires. Il y a quelques mois, je l'aurais très certainement égorgée si jamais elle avait osé m'adresser la parole sur ce ton. Et voilà qu'aujourd'hui, je la trouvais attirante même dans ces moments là. Ses cheveux noirs ébouriffés me rappelaient ceux d'un lion - un lionceau aurait été plus juste – et la façon dont sa bouche se plissait au moindre de mes gestes ne faisait que me languir davantage.

- Ça te fait rire ? s'offusqua-t-elle en commençant à récupérer son manteau et ses clés, tout en les fourrant sauvagement dans son sac.

Je l'arrêtai instantanément en empoignant avec douceur son poignet afin qu'elle me regarde à nouveau. Sa bouche entrouverte faillit me faire défaillir.

- Je suis vraiment désolé.

Elle haussa un sourcil, scruta le moindre de mes gestes puis leva les yeux au ciel.

- Tu ne penses pas un mot de ce que tu dis.

- Oui, c'est vrai, avouai-je sans hésiter. Je ne regrette pas ce que j'ai fait, mais c'était pour que tu comprennes que ...

- Que quoi ? me coupa-t-elle d'un air exaspéré. Leith, tu ne m'aimes pas. Tu penses que ... que ce qu'il y a entre nous, c'est ... c'est ...

Elle jura dans sa barbe et reprit cette fois d'un ton plus calme.

- Tu me considères comme une mère de substitution, rien d'autre, alors arrête de t'imaginer qu'il y a quoi que ce soit de romantique entre nous. J'aime Alec, d'accord ? Et je ne changerais jamais d'avis là dessus.

GOD'S RETURNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant