Chapitre 13 : La Terrible Sorcière Noire

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Deux jours avaient passé depuis, sans qu'Alec n'ait pointé le bout de son nez en cours. Même si nous n'avions qu'un cours en commun, celui de la mythologie grecque, je me surprenais de vouloir savoir le cursus qu'il suivait, quel était son âge, quelles étaient ses matières préférées ? Notre dernière conversation m'avait laissée perplexe, mais j'étais aussi excitée à l'idée de parler de nouveau avec lui. Je ne savais pas trop quelle serait ma réaction, si je le croisais dans un couloir.

Devais-je afficher un sourire poli ? L'ignorer ? Le saluer ?

J'avais oublié comment je réagissais auparavant. Et plus le temps passait, plus je me posais des questions, et plus j'appréhendais. Mais en ce mercredi soir, une rencontre inattendue me fit oublier momentanément tous ces tracas. Au départ, nous avions cru qu'un géant voulait s'introduire dans notre chambre, lorsque nous avions sursauté de notre chaise, Hélène et moi, à l'entente de trois bruits sourds contre notre porte. 

Qu'est-ce que tu attends ? Va ouvrir, intimai-je à Hélène, un peu effrayée d'aller voir ce qu'il s'y passait derrière.

Elle fronça ses sourcils parfaitement épilés, et ferma d'un coup sec son livre d'histoire. 

Vas-y, toi. J'aimerais rester concentrée sur mon exercice, dit-elle en guise d'excuse.

Moi aussi, je travaille. Et vu tout le travail que j'ai à rattraper, je ne peux pas perdre une minute.

Elle hésita quelques instants en lançant un regard inquiet vers la porte. 

Pierre feuille ciseau ? finit-elle par demander en posant son stylo.

J'acceptai et mis ma main gauche derrière mon dos. À son signal, j'abattis ma main en formant un ciseau. 

Oui ! fit-elle en embrassant sa main qui formait une pierre.

Je soufflai de mécontentement avant de me lever lentement de ma chaise qui grinça désagréablement contre le parquet. 

Une défaite était une défaite. 

Alors que je m'approchai à petits pas de la porte, de nouveau, trois grands coups s'abattirent sur celle-ci. L'heure n'était pas à une visite de courtoisie et l'image de Leith avec un couteau fit irruption dans mon esprit. 

Je m'armai de courage, prête à en finir rapidement. Je me tournai une dernière fois vers Hélène, qui vêtue de son pyjama rose en flanelle, m'intima d'ouvrir. Je l'ouvris finalement, sans toutefois détacher la chaîne de la porte. Une paire d'yeux violets fondirent sous le halo de lumière artificielle. 

Ce n'est pas trop tôt ! s'indigna la jeune fille en me désignant sa montre à gousset.

J'aurai pu lui demander ce que faisait une fille de son âge avec une montre aussi rustique, mais Hélène me chuchota : 

Qui c'est ?

Je fermai la porte, enlevai la chaîne, et ouvrit de nouveau. Elle n'avait pas l'air particulièrement dangereuse, malgré la couleur étonnante de ses yeux. Elle entra précipitamment, deux grandes valises en main, en poussant mon épaule. Je me poussai, pour lui laisser la place de rentrer toutes ses affaires, cette fois totalement sûre de son identité. 

Je suis Saphira, fit-elle en posant un bagage à main au sol. Et voici, Larry, mon familier.

Un furet blanc sortit soudainement de son sac et vint se nicher au creux de son cou. 

Désolée, nous n'attendions pas ta visite, l'accueillit Hélène en débarrassant la table qui faisait office de salon.

Saphira, qui portait une longue robe lolita à la couleur de ses yeux, enleva son chapeau en dentelle. Ses longs cheveux noirs, fin comme des baguettes, lui arrivaient presque aux genoux. Mais ce qui me surprit le plus fut sa petite taille et son corps menu. Je lui donnais au maximum quinze ans, pas plus.

GOD'S RETURNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant