Chapitre 9 : Les Dionysos

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Il était exactement 23h33 lorsque nous arrivâmes devant une horde d'étudiants tous agglutinés devant une grande bâtisse bleue. La plupart avaient une démarche dégingandée, d'autres pleuraient de rire ou fondaient en larmes. Ils n'étaient pas tous sain d'esprit, l'alcool aidant apparemment.

Ils étaient déjà tous bourrés, chose que je trouvais pitoyable. Non pas parce que j'étais une fille qui avait en horreur l'alcool, c'était plutôt le contraire. Si Angie m'appelait l'ivrogne, ce n'était pas pour rien. Lorsque l'alcool coulait à flot, nous avions pour habitude de tenir jusqu'à une heure du matin minimum avec Angie. Je lançai un regard en biais à Hélène, élégamment habillée avec ses longs cheveux roux ramenés en un chignon. Sa longue robe blanche détonnait par rapport à ma tenue décontractée, mais je m'y sentais bien plus en sécurité.

Comment pouvait-on danser sur des talons hauts de dix centimètres ?

Malgré ma tenue négligée et mon manque de motivation, Hélène semblait heureuse d'être ici. L'année passée, elle n'avait certainement personne avec qui aller à ce genre de soirées.

— Ça a l'air génial ! s'enthousiasma-t-elle en fixant l'éclairage sophistiqué. Tu trouves pas ?

La bâtisse avait la même structure que celle du centre du campus. L'architecture en briques rouges et oranges contrastait avec l'obscurité de la nuit. Nous étions entourées d'arbres gigantesques où la mousse grignotait le pignon du bâtiment. Le perron, dont deux colonnes en pierre finement ornées d'écritures bibliques étaient solidement fixées, débordait d'étudiants qui chantaient à tue-tête des chansons que je n'avais jamais entendue auparavant.

— J'ai hâte de découvrir l'intérieur, s'extasia de nouveau Hélène dont le reflet des éclairages illuminait ses yeux verts.

Je n'avais pas envie d'extrapoler, ni gâcher ce moment. Je la pris donc par le bras et commençai à monter les escaliers du parvis. Plus on s'engouffrait, plus on se faisait bousculer. Moi qui avais horreur d'être agglutinée à autant de personnes, je fus surprise que cela ne me dérange pas. Au contraire, tout en marchant Hélène et moi éclations de rire, alors que nous ne discutions même pas. Au fond, la pièce se rétrécissait dangereusement, l'air était plus dense et la musique plus forte. Un effluve de vanille et de cannelle embaumait l'air ambiant, malgré la transpiration des étudiants qui se trémoussaient sur ce qui semblait être la piste de danse. La musique tapait inlassablement dans mes tympans, mais la douleur était délicieuse. Nous étions totalement habitées par la musique, si bien qu'Hélène et moi rejoignîmes les autres en dansant maladroitement.

Dans la foule, j'aperçus Sean s'éloigner du salon. Il s'assit confortablement sur un canapé et parlait avec animosité entouré de filles et de garçons qui n'avaient d'yeux que pour lui.

Avec quelques coups de coude, je réussis finalement à atteindre mon but. Sean m'aperçut et tapa sur la place vacante du canapé. Je sautai presque sur celui-ci pour fuir cette marre de débauchés.

— Je suis déçu, tu n'as même pas pris la peine de t'apprêter, cria-t-il pour se faire entendre.

— Tu es en jean aussi, répondis-je en désignant son Lévis bleu pétrole.

— Je ne compte pas. Tiens, bois ça.

Il me tendit un verre rempli d'un liquide bleu. Je l'observai quelques secondes.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Te pose pas de question et bois, affirma-t-il en buvant cul sec son propre verre.

— T'es malade ou quoi ? Je ne sais même pas ce qu'il y a dedans. Qui sait, tu as mis un somnifère pour pouvoir abuser de moi ensuite.

— Je n'utiliserais pas ces moyens là, mes dons sont bien plus pratiques pour ce genre de chose. C'est d'ailleurs assez inattendu Ambre, s'offusqua-t-il en déposant son verre dans la main d'une fille à moitié dénudée. Personne n'avait jamais autant résisté à mes pouvoirs. Même Alec y est sensible.

GOD'S RETURNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant