Chapitre 83 : Promesse De Solitaire ( 1 )

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Point de vue d'Alec

Ambre faisait jouer les cliquetis de son stylo depuis bientôt cinq minutes. Les regards agacés des élèves se tournaient dans sa direction, lui lançant des menaces de mort sous entendues, mais ce qui les empêcher de le lui arracher des mains était certainement ma présence.

Assis à côté d'elle, je me sentais comme un géant entouré de fourmis. Des misérables fourmis qui, je l'avouais, m'ennuyaient beaucoup. Amael s'était installé devant en bon élève modèle. Ses tatouages intriguaient la moitié des filles qui s'extasiaient devant ses cheveux de gonzesse. Je me retenais de sortir le couteau de mon sac pour lui faire une petite coupe.

Mais ce n'était rien comparé à Luck, qui avait pris place au fond de la classe juste à notre gauche et tapait la discussion avec qui voulait l'entendre. Sa voix nasillarde était encore plus chiante que celle de Sean.

- Walker, vous voulez bien les emmener chez Mme. Steel après le cours ? me demanda M. Harriston en ouvrant son classeur.

- Pardon ?

Ma question sonnait plus comme un avertissement.

- B-Beltz ! Vous le ferez à la place de Walker, j'imagine qu'être à la tête des Tilion demande beaucoup de travail.

- Effectivement, monsieur, lui répondis-je avec un sourire satisfait.

- Ça s'appelle de la corruption, grogna Ambre en lâchant enfin son maudit stylo.

- Diplomatie, la corrigeai-je en appuyant mon menton sur ma paume.

- Et je peux savoir qui est Mme Steel ?

- La professeur des aînés. Elle s'occupe des plus âgés et les aide dans leur insertion professionnelle. Mais elle est surtout connue pour ses talents en droit.

- C'est vrai que Luck avait parlé de ses études en droit, chuchota-t-elle en lui lançant un regard amical. Et toi ?

- Moi ? demandai-je en haussant un sourcil.

- Tu veux faire quoi plus tard ?

Cette question me prit au dépourvu. Je n'y avais jamais réfléchi. Mon avenir était tout tracé depuis ma naissance et avait pris un tournant des plus sinistres lorsque j'avais rejoins mon père. Je vivais au jour le jour depuis, sans aucune attente ni perspective d'avenir.

- Moi non plus je n'ai toujours pas choisi, essaya-t-elle de me réconforter avec son habituel sourire maternel, celui que j'aimais le moins.

Ce genre de sourire était destiné à des gens comme Angie, Sean, Sara ou Seth, mais pas à moi.

Ambre allait reprendre son stylo dans les mains, mais je le lui pris avant elle.

- Ma mère était journaliste, l'informai-je en me rabattant sur le dossier de ma chaise.

Ambre se tourna alors à une vive allure avec un sourire éblouissant sur le visage. Là, c'était beaucoup mieux.

- Journaliste ? Fascinant ! Elle était connue ?

- Un journaliste célèbre est un journaliste mort chez les surnaturels. Ce n'est pas un métier aussi merveilleux que dans le monde des humains.

- Pourquoi tout est lié à la mort chez vous ... râla-t-elle avec un air tout de même désolé.

Elle avait raison. Ma mère nous emmenait avec nous lors de ses voyages professionnels. Nous changions de ville chaque mois, découvrions de nouvelles espèces et nouions des relations extraordinaires avec d'autres enfants de notre âge venu des quatre coins du monde. La liberté nous appartenait et rien n'arrêtait ma mère qui dénonçait les actes de cruauté de certaines tribus, publiait des articles aussi harassants que captivants et dont la noble déontologie du journaliste ne l'avait jamais quittée.

GOD'S RETURNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant