GOD'S RETURN

Chapitre 34 : Qui je suis

Un vent glacial soufflait contre ma peau et les ténèbres me cernaient de part en part. Le désir d'ouvrir les yeux devenait insoutenable, mais mes paupières étaient si lourdes que je n'osais plus bouger d'un millimètre.

J'attendais simplement que quelqu'un vienne me réveiller.

— Ne pars pas encore.

L'image de Kallisté fit irruption dans mes songes. Ce rêve était le plus triste que je n'avais jamais eu. Son histoire, ses doutes, la perte des êtres qu'il aimait ... tout me mettait en rogne, comme si j'avais été moi aussi victime de cette monstruosité.

— Désolée de ne pas être intervenue. Tu n'existes pas réellement, mais j'aurais aimé t'aider. Dans mes rêves, je suis capable de tout, contrairement à Diafosa, soufflai-je en scrutant ses yeux sombres.

— Cette attention me touche beaucoup, mais ce n'est pas un rêve, et tu peux réellement m'aider. Si je suis toujours ici, c'est que cette histoire n'est pas finie. Sois mes yeux et mes mains, Ambre. Venge moi, venge ta famille, aide moi à exterminer les divinités.

Je m'esclaffai aussitôt. La réalité de mon rêve me faisait perdre la tête.

— Qu'aurais-je à gagner ? Que me promets-tu ? Pourquoi me fais-tu confiance ? Je ne suis pas si différente de ton ami Basil.

— Tu es une femme forte, Ambre. Ne doute jamais de ta force et de tes sentiments. Tu es loin d'être une lâche comme mon ancien frère. Tu as été choisie !

— Tu aurais du choisir mon père. Il était fort, courageux et bon, lui répondis-je aussitôt en sentant les larmes couler sur mes joues. Regarde-moi. Contrairement à lui, je ne suis pas digne d'être une Riva. Qu'est-ce que je pourrais faire ? Je suis aussi misérable que Zeus.

— Je suis certain que ton père pourra t'aider dans ta quête si tu ...

— Il est mort ! hurlai-je en me retenant d'éclater en sanglot. Il est mort et je suis si seule.

— Je suis avec toi, ma fille, toujours. Ce que je m'apprête à t'annoncer risque de te choquer, mais je ne peux plus supporter tous ces écrits apocryphes au sujet des divinités. Les descendants souhaitent s'emparer du trésor le plus précieux des Riva. Si jamais il venait en leur possession, l'équilibre du monde ne serait plus, comprends-tu ?

— Quel est ce trésor ? Qui sommes nous Kallisté ?

— Seules les femmes gardent les trésors, Ambre. Ta collection est merveilleuse, mais tu caches un objet bien plus précieux, ici, fit-il en pointant mon cœur, ... comme tous les Dragons.

— Dragons ? répétai-je alors que ma bouche se tordit en une grimace.

Kallisté remua ses lèvres, mais aucun son ne sortit. Le lien qui nous unissait s'amenuisait au fil des secondes qui s'écoulaient, la chaleur me quittait et bientôt une brume épaisse vint obscurcir ma vision. Lorsque les ténèbres me tinrent de nouveau prisonnière, Kallisté avait disparu.

Ma voix, elle, ne s'était pas arrêtée tout le long de ma léthargie. Une sensation de bien-être me berçait depuis maintenant plusieurs secondes, ou minutes ... la notion de temps m'était devenue complètement étrangère. Qu'il était agréable de se prélasser de la sorte. J'en oubliais presque les révélations de Kallisté, mon nouvel ami imaginaire, un homme plein de sagesse et de bonté qui avait été berné par les divinités, ma famille, ... un dragon. 

— Un Dra... ! hurlai-je en ouvrant brusquement mes yeux.

— Ce n'était qu'une apparition, petite, reprends toi !