Oriana Black - La Dernière du Nom | Harry Potter

{5} Chapitre 1 : Les Ombres de la Mort

     Le soleil commençait à se coucher et une énième journée étouffante s'achevait enfin. En dehors de l'agitation joyeuse qui régnait au bord du lac et dans le coeur de la ville, les rues de Witchbury voyaient tomber sur elles un silence somnolant. Cependant, dans l'une d'entre elles, des notes de piano se baladaient et finissaient par s'envoler en se glissant par les fenêtres ouvertes.

Le temps sublime et la chaleur estivale n'auraient pas su être plus décalées de l'humeur qui enveloppaient le Cottage Boisé. Les échos de Beethoven en témoignaient parfaitement.

Dans sa chambre, Harry était étendu dans son lit depuis au moins quelques heures. Les musiques qu'Oriana jouaient avaient sur lui l'effet inverse du sortilège d'Allégresse. Il aurait aimé pouvoir se le jeter durant tout l'été mais l'interdiction de pratiquer la Magie en dehors de Poudlard pour les élèves mineurs l'en interdisait.

Ces vacances avaient de loin été les plus longues et les plus monotones de sa vie. Harry se souvenait de son quotidien peu joyeux chez les Dursley, de ses journées entières passées enfermé seul dans sa chambre ou dans son placard à balais... Il n'aurait pas pensé revivre la même chose ici. Sirius avait insisté pour qu'Oriana et lui sortent le moins possible de la maison et de ne jamais le faire sans prendre leur baguette avec eux.

Mais de toute manière, Harry ne ressentait pas vraiment l'envie de sortir. Il n'avait plus l'humeur à rien ces temps ci, préférant de loin rester à ne rien faire des heures durant. A plusieurs reprises pendant les vacances, il avait fait des rêves étranges, ressenti des élancement lancinant au niveau de sa cicatrice... sans que Sirius ou Oriana ne le remarquent. Le premier partant souvent en mission pour l'Ordre du Phénix plusieurs jours durant, la deuxième prenant soin d'éviter presque tout contact avec lui.

Peut-être était-ce ça qui chagrinait le plus Harry. Le fait que depuis le début de ces vacances, Oriana ne lui ait presque pas touché un mot malgré ses tentatives. Il ne comprenait pas la raison de ce comportement soudain. Peut-être lui en voulait-elle d'avoir été incapable de protéger Cedric, de l'avoir emmené avec lui dans ce cimetière, de s'en sorti indemne alors que lui était...

Harry soupira finalement et se leva, n'en pouvant plus de rester aussi statique. Il en revenait toujours aux mêmes pensées. Ça aurait dû être lui. Pas Cédric. Approchant de la fenêtre, Harry jeta un coup d'œil dans la rue et aperçut leur voisine Mrs Anderson rentrer chez elle après avoir fait ses courses. La femme leva les yeux vers le Cottage Boisé et esquissa un sourire en apercevant Harry à la fenêtre.

Elle lui fit un signe de la main qu'il lui rendit avant de se détourner de la fenêtre. Harry ouvrit alors la porte de sa chambre et descendit les escaliers en évitant de justesse de marcher sur un de leurs Boursoufs qui s'était assoupi là. Lorsqu'il arriva dans la petite bibliothèque où siégeait le piano, il y trouva Oriana. Elle avait le teint un peu grisâtre et portait des vêtements sombres. Harry croyait même se souvenir que cela faisait plusieurs jours qu'elle portait ces mêmes vêtements mais il n'osa pas en tenir mot. Son cœur se serra à cette vue. Si Oriana avait refusé de reparler de ce qui était arrivé à Cedric, il semblait que le piano le fasse à sa place.

Harry était désemparé, il ne savait plus quoi faire pour aider sa première véritable amie. Depuis qu'ils se connaissaient, Oriana était celle qui avait fait le plus pour lui. Et qu'avait-il fait en retour ? Il n'avait su que l'entraîner dans ses malheurs, la mettre constamment en danger et la blesser. La blesser là où personne ne pouvait voir. Mais Harry voyait lui. Il voyait et il s'en voulait atrocement.

Le dernier des Potter attendit qu'Oriana finisse son morceau pour signaler sa présence, bien qu'il su pertinemment qu'elle s'était déjà rendue compte qu'il l'observait. Oriana sortait rarement de sa chambre et quand elle y était, elle refusait que quiconque y entre, prétextant être en train de dormir alors que Harry savait très bien qu'elle passait toutes ses journées et toutes ses nuits à décortiquer son Grimoire pour trouver le moyen de sauver Cedric. Mais plus les jours passaient et plus elle désespérait.