CHAPITRE 13

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— Mariana c'est toi ?

— Qui veux tu que se soit ?

— La femme de chambre ! éclate Silvia de rire en sortant de la salle de bain emballée dans une serviette. Qu'est ce que tu as ? Ta journée s'est mal passée ? s'inquiète t-elle soudainement pour ne pas adhérer à son bon enthousiasme.

— Je n'ai aucune envie d'aller à ce dîner... j'avoue.

— Expliques moi ? On va dîner où et avec qui ? me demande t-elle interloquée par mon manque d'entrain, en s'asseyant sur le lit près de moi.


Il faut dire que je n'ai jamais décliné un bon repas, je suis toujours prête pour sortir et m'amuser... Mais ce client, je ne sais pas... J'ai pas envie, c'est tout !


— Avec monsieur Madeira !

— Le Madeira de ma suite ? L'homme aux beaux yeux bleus et au beau fessier ?

— Lui même !


Je mets mon oreiller sur mon visage pour étouffer un cri de désespoir, alors que Silvia déambule dans la pièce toute joyeuse pensant à ce qu'elle va bien pouvoir se mettre...


— Ta petite robe noire ? je finis par l'aider.

— Oui elle sera parfaite ! Et toi que vas tu mettre ?

— Un jogging... je débite sans qu'elle entende un mot.


Elle farfouille dans mes valises, chiffonnant tout mon linge pour en sortir ma fameuse robe rouge faite par ses soins, que je mets pour les occasions spéciales, quand j'ai envie de plaire... Mais aujourd'hui ce n'est pas du tout le cas !


— Non ! Pas celle-ci ! je crie mon mécontentement.

— Pourquoi ?

— Car c'est un client de l'hôtel ! je dois lui rappeler.

— Et alors ?


Je lui déballe toute ma journée, en commençant par mon désastre informatique, mon amitié avec Patricio, le déjeuner avec monsieur plein aux as et Gil...


— Tout ça en une journée de boulot ? Waouh ! Mais qu'est ce que tu lui reproches à Julio Madeira au juste ?

— Je ne sais pas... Je ne le sens pas, c'est tout !

— Moi je crois en revanche que c'est ton métier que tu n'apprécies pas... Faire les quatre volontés à tes clients ça ne t'emballe pas, tu n'as jamais aimé recevoir d'ordres de personnes ! atteste ma grande amie qui me connaît mieux que moi même par moment.


Elle a raison ! Je crois que je ne suis vraiment pas faite pour ce genre de métier, femme de chambre me convenait davantage... Je savais à quoi m'attendre alors qu'avec ces nouvelles responsabilités je suis perdue !


— Eh ! Pourquoi tu n'enverrais pas tes livres à une maison d'édition ? Tes histoires pour enfants sont superbes et tes illustrations sont magnifiques ! Tu as du talent ! Je suis sûr et certaine que tu pourrais en vivre...

— Je les avais montré à Sara en Suisse, elle m'a affirmé qu'aucune maison ne publierait mes histoires, elles étaient selon elle trop démodées...

— Qu'est ce qu'elle s'y connaît Sara ? Elle n'écrit que des livres de cuisine... Tentes ta chance ! Qu'est ce que tu as à perdre ?

— Ma dignité !

— Arrêtes tes sottises ! Tu vas les envoyer à « Das mias maos ». C'est un trésor ce que tu as là-dedans ! me montre t-elle ma petite valisette où se trouve mes dessins et mes écrits. Fais moi confiance !

— Tu sais combien de personne perce dans ce métier ? Les places sont chères ! J'ai aucune chance !

— Comment peux tu le savoir ? Si tu ne les as jamais envoyé à quiconque... Tentes au moins une fois ? De quoi as tu peur ? D'un refus ? Ça ne sera pas le premier, ni le dernier de ta vie...


J'ai toujours écrit des histoires depuis que je sais lire et écrire. C'était pour moi une façon d'échapper à ma vie si monotone... La première fois que je suis partie en vacances j'avais dix-sept ans, j'avais économisé pendant près de deux ans pour partir trois jours à Lisbonne avec l'une de mes cousines qui en avait dix-neuf. Ça été les trois plus beaux jours de toute ma vie ! J'avais enfin quitté mon village pour découvrir un peu de ce monde qui nous entourait... J'étais libre et cette sensation était très nouvelle pour moi, j'ai adoré ! Et c'est de là qu'est venu mon envie d'évasion... Je rêve de faire le tour du monde, et je vais tout faire pour y arriver...


J'ai commencé à écrire les aventures de Tina et Tino à mon retour de ce fameux week-end. L'inspiration m'étant venu en m'apercevant que je ne connaissais pas grand chose de notre monde d'aujourd'hui...

Actuellement, je dois avoir près de dix albums qui réfèrent le monde de maintenant avec celui d'hier... Dans chaque tome je mets en lumière les différences entre aujourd'hui et trente ans en arrière, le téléphone, l'ordinateur, internet, les jeux, les relations entre les individus... Les conclusions que Tina et Tino en retire à la fin de chaque histoire sont étonnantes. J'aime mes albums, je ne sais pas ce qu'ils valent mais intérieurement j'ai envie de les garder pour moi, ils sont mes bébés. Même si je dois admettre qu'elles pourraient aidé beaucoup d'enfants a se sentir mieux...


— Mariana ! me sort Silvia de mes pensés.

— Ok ! Tu as gagné ! Je vais envoyer deux exemplaires à ton éditeur machin chose...


Elle me sert dans ses bras et m'avoue :


— Je le savais ! Tu es une battante ! Tu retrousses tes manches et tu fonces droit devant ! Mais maintenant tu files sous la douche ! On va être en retard...


Je m'exécute, je ne veux pas la contrarier. Mettre Silvia de mauvaise humeur c'est comme avoir une bombe à retardement en face de soi et ne savoir quand elle va exploser...

Une fois sous la douche je me mets à réfléchir à ce que la belle demoiselle dans la chambre d'à côté à bien voulu dire par « Je suis une battante ! »... Je ne me laisse pas faire mais de là à être considéré comme une battante, j'y suis vraiment loin...



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Et voilà un autre chapitre, j'espère que vous avez aimé ?


Ce week-end est très chargée pour moi, je n'aurais certainement pas le temps d'écrire... Donc je vous souhaites à tous de passer une bonne fin de semaine et à très vite pour un autre chapitre des aventures de Mariana...

Bisous

DIS MOI OUI ! Tome 1 et 2Where stories live. Discover now