Selena - Les Lunes Jumelles

XV.Une amoureuse transie

La matinée se passa sans encombre, et durant le dernier cours, juste avant de manger, Alvy, qui était dans ma classe de photographie, ne me parla pas comme elle en avait pris l'habitude, et la sonnerie retentissant, elle prit son sac et m'entraîna dehors.

-Selena, je...

-Oui ?

-Je pense que je suis amoureuse, cracha-t-elle, en regardant furtivement autour d'elle ( après tout on ne sait jamais, les brins d'herbes ont peut-être des oreilles, vu que les murs en ont...)

Je n'ai jamais su répondre à des questions de ce genre, ou plutôt on n'a jamais abordé ce sujet avec moi.

Il fallait trouver les différentes stratégies d'approche possibles, et parmi elles, la bonne. Mais laquelle ? Décidant d'utiliser celle affirmative, je répondis donc:

-D'accord.

A son air, je compris que ce n'étais pas la bonne réponse, aussi utilisai-je cette fois-ci l'interrogative:

-Qui est-ce ?

Son visage s'éclaira (ouf!),elle secoua sa chevelure feu, et ses lèvres aujourd'hui rose foncé, s'ouvrirent en cœur:

-C'est César. Tu ne le trouves pas beau ? Non, c'est vrai, il ne faut pas que tu le trouves beau... Mais tout de même, il est vraiment drôle, aussi, n'est-ce pas ? Tu as vu quand il sort de sport ? Et puis...

Blablabla. C'était reparti pour un tour.

Je sais au moins une chose: dans ces moments-là, même si elle ne pose que des questions, il ne faut pas répondre. Juste hocher la tête, de temps en temps, aux endroits de sa tirade qui semblent opportuns.

Le déjeuner se déroula de cette manière, et je ne la vis plus de l'après-midi, car elle avait cours de physique, puis de chimie, matières que j'avais eus un plaisir immense à supprimer de mon emploi du temps, au début de ma scolarité à Hafnarfjördur...

Je la plaignis donc de toute mon âme, et lui dis à demain.

Je savais pourtant qu'elle n'allait pas manquer de m'appeler le soir, pour me raconter comment s'était passé son cours de chimie, où elle était en binôme avec César, mais bon, ce soir est un autre...soir ?