XVIII.Vérité

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Une heure plus tard, je revis Joel en anglais, il n'était dans aucun de mes cours à part celui-là.

Il s'installa à côté de Kristina.

Moi, comme c'était la première fois que je venais dans ce cours, j'eus le droit à la seule place encore libre, c'est-à-dire devant le bureau de la prof. 

En temps normal, ça ne me dérange pas trop d'être devant, mais je compris vite pourquoi elle était vide: la prof, jeune, qui avait probablement peur de ne pas se faire obéir, criait, non, hurlait à chaque phrase.

-Joel ! Au lieu de discuter avec votre voisine, dites-moi ce que vous pensez sur la problématique de notre séquence: "Toute vérité est-elle bonne à dire ?"

Il répondit du tac-au-tac:

-Que la vérité blesse ou pas, je la dirai, quoi qu'il en soit. Je ne suis pas d'accord avec les gens qui croient qu'il faut que la personne soit préparée. La vérité ne changera pas de toute façon. Autant l'annoncer immédiatement. 

J'aurai juré qu'il m'avait jeté un regard à ce moment-là.

-Très bien !  Vous nous associez donc le terme de vérité à celui de fatalité, n'est-ce pas ?! Et vous, Selena ?!

Je ne réfléchis pas, et répondis à la question sous-entendue de Joel.

-J'aimerai entendre cette vérité, si j'étais la personne concernée, qu'elle me blesse ou pas.

-Bien ! Nous allons maintenant faire une tableau, la colonne de gauche les arguments pour et...

Que voulait dire Joel par là ? Allait-il enfin m'expliquer les causes de mon évanouissement de trois jours ? 

Pourtant, le cours achevé, il disparut, et je ne le revis pas de l'après-midi.

Après des cours de français, histoire et maths je sorti enfin.

Je me dirigeai vers le hangar à vélo, en réfléchissant à un moyen pour sortir du lycée sans me casser la figure, car mon vélo, je n'avais plus d'espoir, était cassé.

Et là, je vis, adossé tranquillement au mur du hangar, Nikolas.

-Nikolas ?

-N'hurle pas, je dois te raccompagner, dit-il en me faisant signe de le suivre.

-Depuis quand es-tu ma baby-sitter ? Je peux très bien me débrouiller toute seule !

Il se tourna brusquement, et plongea son œil devenu noir dans les miens.

-Selena, si tu ne me crois pas, crois ton oncle.

-Je... D'accord je te suis. 

Jamais je ne l'avais vu aussi sérieux. 

Que lui avait demandé oncle Kern ?

Était-ce seulement en lien avec la nouvelle mesure de sécurité du lycée, ou une excuse ?

Selena - Les Lunes JumellesWhere stories live. Discover now