Selena - Les Lunes Jumelles

LXXXXV. Pensées Et Insomnie

Dans cette école, l'emploi du temps changeait assez régulièrement, étant donné les effectifs qui changeaient tout aussi régulièrement, ce qui engendrait donc des classes inégales en nombre.

Le cours par un professeur durait généralement la matinée entière ou bien une bonne partie de l'après-midi, et j'avais remarqué que Mme Desmond et M. Dreven -les seuls professeurs que je connaissais- n'avaient pas de matière à enseigner clairement établie, seulement une manière différente de faire apprendre.

Ces toutes nouvelles connaissances remuaient dans ma tête, et je me les tournais en boucle, ainsi que les choses que j'avais apprises en télépathie aujourd'hui, pour ne rien oublier. J'avais hâte de sortir de cet endroit.

Plus le temps avançait, plus l'atmosphère me pesait.

Je la sentais de mon lit, où je me trouvais à ce moment. Était-ce à cause de ce climat si particulier de noir absolu à toute heure de la journée ? Était-ce dû à mon échec en cours de M. Dreven ? Était-ce dû à l'attitude étrange de Nikolas ce midi ?

Je ne savais pas, et ces interrogations m'empêchaient de dormir. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, je dors bien généralement. Même ces derniers mois, depuis mon déménagement et les différents évènements qui ont suivis : l'arrivée de Nikolas dans ma vie, la mort d'oncle Kern, la fuite, l'entraînement... Certaines nuits étaient courtes, ou bien « crampées » mais je n'avais jamais eu autant de mal à m'endormir.

Je réfléchissais toujours quand un mouvement au-dessus de moi, c'est-à-dire au-dessus de la fenêtre, dehors, me fit sursauter. L'ombre se détachait clairement sur me draps, c'était celle d'un homme.

Je soufflai de soulagement quand deux petits coups furent frappés à la vitre, accompagnés d'un discret « cui cui ». Comme si c'était devenu un code.

Il n'y a que lui pour surgir par la fenêtre, de nuit, si silencieusement et surtout en disant « cui cui ».

J'ouvris la fenêtre et grognai :

-J'essaie de dormir, qu'est-ce que tu veux ?