C. Sa faute

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Après cette soirée assez particulière, je dormis comme un sac (de plomb) le reste de la nuit.

Le lendemain matin, je fus réveillée en sursaut par les spots blancs et la sonnerie stridente, qui à mon grand étonnement, commençaient à me devenir familiers...

Une douche froide, un petit-déjeuner dans le ventre, la serviette sous le bras et j'étais devant la classe du premier cours de la journée, Monsieur Dreven si j'avais bien compris.

Comme hier, la salle était dans un désordre incroyable, et je dirais même plus que la veille, si c'est possible.

Ces heures furent monotones car nous fîmes exactement la même chose qu'au précédent cours : décrypter le langage corporel de son coéquipier. Le professeur fit des rondes entre les duos pour vérifier et donner des conseils, aussi Nikolas dut lui aussi se plier à l'exercice. Ce qui me surprit, c'est qu'il y arriva mieux que moi...

En même temps, je me demandais de plus en plus si ce n'était pas sa faute si je ne réussissais pas à trouver la bonne émotion. En effet, malgré le temps que nous avons dû passer ensemble tous les deux depuis la mort d'oncle Kern, je n'ai pas tellement appris de choses sur lui : il n'a pas tout à fait pour habitude de dire ce qu'il ressent, et quand il parle c'est pour expliquer ou... se moquer.

Sauf quand il joue Chokola bien sûr.

C'est si simple ?

Je regardai Nikolas un brin jalouse, cela faisait la troisième fois de suite qu'il réussissait contrairement à moi qui peinais toujours autant...

Jalousie. A toi.

Il eut un sourire en coin et me prit le recueil des mains.

Ah ah ah. Très drôle abruti.

Soupirant, je le regardai lire le court texte, les yeux fixés sur son visage, à l'affut du moindre rictus, de la plus petite expression qui pourrait me donner un indice. Mes yeux furent soudainement cependant attirés plus bas, sur ses mains : la gauche s'était en effet très légèrement crispée sur la couverture.

Qu'était-ce... De la peur ? Non, je ne crois pas. De la tristesse ? Non plus. De la colère ? Ça correspondrait assez bien...

Quand Nikolas leva la tête pour entendre ma réponse, je lui énonçai quelque peu fière :

La colère.

Selena - Les Lunes JumellesWhere stories live. Discover now