XXIV.Effondrement

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Nikolas lui ferma les yeux, et se tourna vers moi.

Je sentais la souffrance, la tristesse et le désespoir arriver sourdement. Assise, bouleversée, sur le lit, tenant encore la main d'oncle Kern, j'hurlais dans ma tête.

Il était mort. Mort ! 

C'est bon, elle arrivait, elle était là, la douleur, le vide au cœur qui suit toujours la mort. L'impression que tout s'est effondré, tout l'univers. 

Papa, maman, oncle Kern...

Qui encore ? Quelle est la prochaine personne que j'aimais qui mourra ?

Je fis donc ce que j'avais déjà fait lors du décès de mes parents: me protéger.

Je ne pleurais pas.

Nikolas se pencha, et retira ma main de celle d'oncle Kern, qui était déjà froide. Il me leva, et me prenant par le bras, guida mon corps devenu robot vers la voiture.

Le trajet se déroula sans bruit, dans la nuit noire. 

Nikolas était concentré sur la route, les mains crispées sur le volant, profondément enfoncées dans le cuir noir. 

Je lisais dans son attitude toute sa rage, et sa douleur.

Comme moi, il gardait tout pour lui. Et pourtant qui sait quelle était l'ampleur de sa souffrance, il le connaissait depuis plus longtemps et mieux que moi...

Nous finîmes par arriver à la maison, vide.

Le silence était pesant, mais aucun de nous deux ne le brisait. 

Je mis le couvert pour deux. Le repas fut vite préparé, ainsi nous fûmes bientôt à table.

J'essayai vainement de faire la conversation, mais l'absent nous était rappelé à chaque instant, aussi me tus-je.

J'étais obnubilée par une seule chose: qui avait tué mon oncle ? Je le haïssais avec une telle force, une telle colère ! Je ne me retins plus:

-Nikolas, qui l'a tué ? On doit le venger, faire payer ses actes à celui que l'a assassiné  ! 

-Je sais, mais Kern ne l'a pas voulu. C'est sa dernière volonté. Aussi dur que cela puisse paraître, on ne peut pas le venger, répondit-il tristement.

Je sursautai:

-Tu sais qui c'est ?

-Je pense connaître le commanditaire, dit-il, ajustant son bandeau noir.

Il se leva et m'annonça:

-Je reste avec toi, je vais dormir dans mon pick up. On ne sait pas où son assassin est, donc si tu as le moindre problème, tu m'appelles immédiatement.

Nikolas se dirigeait vers la porte, mais se retournant soudain, il déclara volontairement:

-On a perdu un combattant, et un de taille. Mais la guerre n'est pas perdue, ni même terminée: elle vient de commencer.

Et il claqua la porte.

Selena - Les Lunes JumellesKde žijí příběhy. Začni objevovat