LIX. La Dame Au Pékinois

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Une fois dehors, je tournai la tête à droite, à gauche, cherchant où est-ce qu'il pouvait bien être, et finit pas regarder devant, au moment où une voiture s'arrêtait. Un taxi ?

Nikolas fit volte-face :

-Monte.

Je levai les yeux au ciel et entrai dans l'étroit -mais en apparence confortable- habitacle.

Aussitôt Nikolas assis, et la portière fermée, le véhicule démarra en trombe, et une petite dame que je n'avais pas vue, dont les genoux étaient occupés par un affreux pékinois s'exclama en un anglais aux « r » roulés :

-Ils sont fous ces norvégiens...

Elle devait désigner le chauffeur qui prenait la pauvre voiture pour une formule 1.

Nikolas, je le remarquais maintenant, avait retiré son bandeau et jeté devant son œil gauche une mèche de ses cheveux noirs, ce qui le changeait vraiment.

Je ne savais pas si c'était sa nouvelle coiffure ou pas, mais quelque chose d'indéfinissable et subtil avait changé chez lui.

Il sortit une enveloppe de sa poche et dit d'un ton pénétré :

-T'nez M'dame, c'est l'paiement pour moi et Kafée.

Celle-ci rit poliment en glissant l'argent dans son sac.

-Très bien, (et se tournant vers moi) je ne vous dirai pas que vous êtes les bienvenus car ce n'est pas notre philosophie, mais je vous dis à demain, dans notre école.

Nikolas, alias Chokola, acquiesça.

La dame au pékinois nous regarda de haut en bas d'un œil dépréciateur et continua :

-N'oubliez pas de mettre l'uniforme, il est obligatoire. Voici les règlement intérieur et quelques papiers complémentaires dont vous aurez besoin.

Et comme Nikolas esquissait un geste pour recevoir les papiers, elle feignit de ne pas le voir et me les donna, passant son bras maigrelet au-dessus de celui-ci.

Nikolas eut un sourire si niais que j'en fut à être partagée entre trois opinions : la première était qu'il avait (aussi) un talent pour jouer la comédie ; la seconde était qu'il était schizophrène et que Chokola était donc en réalité sa vrai personnalité (obscure car pas très éclairé... mwa ha ha) et la troisième, qu'il était crétin.

-Kafée ?

Une voix sans timbre retentit dans ma tête, et résonna de façon désagréable.

Je redressai celle-ci brusquement en direction de la petite dame.

Celle-ci eut un sourire satisfait, et dit tout haut :

-Bien. Je n'ai pas le temps, mais de toute manière votre camarade n'a pas l'air très éclairé aujourd'hui, donc il passera la certification à son entrée demain.

Puis elle arrêta la voiture, saisit sous le bras son affreux chien (peut-on appeler ça un chien ?) et descendit.

Selena - Les Lunes JumellesWhere stories live. Discover now