XXXI.Poids lourd

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Je m'élevai en l'air, mue par quelque chose de puissant que je ne contrôlais pas.

Je m'élevai jusqu'au-dessus de la crevasse, quand j'entendis Nikolas hurler. Son ego était-il si grand ?

Le temps me paraissait s'être ralenti, j'étais maintenant presque au-dessus du précipice.

Mais à peine eus-je atteint ce point, qu'une violente foudre bleue et rouge, sortit du trou et me traversa de part en part, puis se perdit dans les bas nuages noirs.

Je n'avais pas mal. Je ressentais qu'une force venue de loin, du fond des âges, antique et mystérieuse, était passée par moi...

Mais trêve d'élucubrations. Mon but était tout de même de sauver Nikolas !

J'atterris enfin de l'autre côté, saine et sauve.

Nikolas avait reperdu connaissance, et il se trouvait encore dans la position où il s'était évanoui : un bras vers moi et l'autre couvrant son œil gauche.

Décidément, quelle immense fierté...

J'avisai la situation : j'étais seule avec un borgne dans les vapes, en plein milieu d'un orage, et tout près d'un étrange crevasse qui crachait des éclairs violets...

J'ai connu mieux.

Avec Nikolas à transporter, je n'allais pas repasser par-dessus le trou, parce que l'éclair, même s'il n'avait pas été douloureux, n'était pas tout à fait agréable...disons comme une grosse décharge. Et parce que je ne savais pas exactement ce qui m'était arrivé : il n'est jamais trop tard pour commencer à écouter Nikolas !

Je hissai donc Nikolas sur mon dos.

Non, en réalité ça ne marche pas comme ça. C'est im-po-ssi-ble de porter quelqu'un de plus grand que soi sur son dos. En tout cas pour moi.

Et pourtant il n'est pas gros. Plutôt mince à la réflexion, peut-être quelques muscles, par-ci par-là.

Je tirai donc Nikolas par la main.

Il se réveilla tout à coup, et râla, les yeux clos :

-Ce n'est pas possible ça...incapable de me transporter correctement, je vais me vider de mon sang à ce rythme.

C'était ça, les remerciements pour avoir bravé ma peur de franchir la crevasse ? Quelle reconnaissance immense ! Que de gratitude !

-Rendors-toi, toi, et regarde-moi au moins en face quand tu me parles comme ça !

Il eut un ricanement mauvais, et parut soudain pris d'une sorte de folie noire.

-Selena, si tu le veux absolument...

Selena - Les Lunes JumellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant