XXX.Instinct de (co)survie

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-Nikolas ! hurlai-je, terrifiée, Nikolas !

Il fallait absolument que je le remonte, que je le sorte de ce vide insondable dans lequel il devait encore tomber.

Me concentrer... Me laisser guider par mon instinct...

Je tendis le bras:

-Viens !

Une petite feuille calcinée et emprisonnée dans de la glace remonta. Bon, je n'y avais visiblement pas mis assez de force. 

Je respirai fort, m'approchai davantage de la crevasse, et les cheveux ballottés par le vent et une pluie soudaine, ordonnai, d'un ton sans réplique:

-Viens Nikolas.

Mon cou se mit à se réchauffer. Ce n'était pas la première fois. Qu'est-ce que c'était ?

Ma main rencontra le collier que m'avait donné Nikolas, qui était devenu très chaud, presque brûlant.

Mais elle le quitta aussitôt pour se tendre vers la noire silhouette qui remontait lentement, accompagné d'un brouillard noir, parsemé de petits cristaux rouges (de la lave ?).

Je commençai à distinguer le visage de Nikolas. Méconnaissable. Il était couvert de blessures et surtout, surtout son bandeau habituel avait disparu. Ses yeux étaient clos j'entendais, derrière le bruit assourdissant de la pluie, sa respiration hachée se rapprocher. Il était vivant.

Étrange de penser qu'il y a à peine dix jours, j'aurai sauté de joie à l'idée de sa mort, mais que là, je suis terrifiée à cette seule pensée... Probablement parce que je ne sais pas où aller, seule et poursuivie ? Et que j'ai besoin de lui pour me protéger et m'apprendre à me servir de mes pouvoirs ?

J'eus un sursaut d'énergie, et clamai à voix haute, rageusement:

-Viens !

Mon hurlement résonna dans la crevasse, que je voyais à peine, des rideaux d'eau se jetant sur ses parois abruptes. Nikolas fut violemment expulsé du trou et atterrit quelques mètres plus loin...de l'autre côté.

Zut.

Je reculai (il fallait bien que je le rejoigne), mais je fus coupée dans mon élan par Nikolas, qui avait repris conscience:

-Ne passe pas au-dessus ! 

Rien à faire, qu'il le veuille ou non, j'allais le rejoindre, même si ça atteignait Monsieur dans sa dignité. J'avais déjà vu ses blessures de toute manière.

Je ne l'écoutai donc pas, et couru.

J'entendis un grand cri, et un éclair violacé zébra le ciel.





Selena - Les Lunes JumellesWhere stories live. Discover now