XXI.Course

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-Oncle Kern !

Mon oncle était allongé, inanimé, sur le plancher, le corps ensanglanté.

-Oncle Kern, répondez-moi !

Il ne bougeait plus. Je regardai autour de moi, craignant que son assassin ne soit encore là. Car oui, j'en étais persuadée, il ne s'était pas déchiré le visage tout seul...

Rien.

Je me penchai, et vis sa poitrine se soulever légèrement, par à coups difficiles.

Immédiatement, je repris mes esprits: il ne pouvait, il n'avait pas le droit de mourir !

Je sortis nerveusement mon portable et... le rangeai aussitôt: il n'avait plus de batterie.

Descendant en vitesse l'escalier, je couru vers le téléphone fixe du salon, et composai le numéro du samu.

-Allo ?

La voix féminine de la secrétaire me répondit, et me posa les questions d'usage. Quand j'eus fini de lui répondre, elle m'assura de l'arrivée imminente des secours, qui seraient accompagnés d'un médecin.

Elle raccrocha.

Il me semblait vivre un cauchemar... Cette ambiance, cette impression que tout est trop lent et qui pourtant est arrivé si vite; et surtout, cet espoir désespéré que tout ceci est un mauvais rêve, que je vais me réveiller, et qu'oncle Kern m'aura préparé son fameux petit-déjeuner infect...

Secouant la tête, je me décidai à attendre dehors les ambulances, dont les hurlements lointains commençaient à se faire entendre.

Ce bruit infernal se rapprocha, se divisa, et deux ambulances finirent par s'arrêter devant ma maison.

Ils sortirent par les portières, ils étaient neuf en tout. Un homme en blouse blanche menait la marche, enfin, la course: il devait être le médecin urgentiste.

Ils savaient où aller, car je leur avais dit, par l'intermédiaire de la secrétaire.

Sans un regard, le groupe monta l'escalier en vitesse, et redescendit quelques minutes plus tard, oncle Kern dans une civière.

Je ne rentrai pas dans la maison, car la porte et les escaliers étaient déjà étroits, et je ne voulais pas gêner et encore moins perturber l'opération: de ce précieux temps dépendait la vie de mon oncle.

Ils ne tardèrent pas à partir, les sirènes de nouveau allumées, et filèrent à l'hôpital.

Les imbéciles

ils m'ont oubliée...





Selena - Les Lunes JumellesWhere stories live. Discover now