Selena - Les Lunes Jumelles

CVIII. Plan Sociabilisation

Devant la classe, comme il l'avait dit, Nikolas m'attendait. Nonchalamment adossé au mur, il était encore plongé dans ses pensées.

— Ni...Chokola, fis-je, on fait quoi ?

Il n'était pas encore l'heure du dîner, nous avions environ deux heures devant nous de libre. Certains allaient à la bibliothèque, d'autres se réunissaient dans leurs chambres ou les salons communs pour discuter et jouer, certains se douchaient ou dormaient... Je n'en savais pas tellement plus, car c'était tout ce que j'avais réussi à saisir dans les conversations et exclamations (surtout exclamations) de mes camarades de classe.

Je ne savais même pas où se trouvaient les salons communs. J'imaginais qu'il devait en avoir un pour chaque niveau.

Nikolas se redressa et me répondit moqueusement :

— On va se sociabiliser.

Ah oui. Son fameux plan de se glisser parmi l'élite pour ne pas être soupçonnables. Et ainsi demeurer intouchables.

— Très bien, on va dans leurs salons de niveau ?

Une lueur indéfinissable passa dans son œil sombre.

— Oui. Prépare-toi, certains sont réellement dangereux, de par leur puissante maîtrise de la télépathie, mais aussi de techniques diverses de manipulation.

Oncle Kern avait l'air de bien connaître cette école, pour qu'il soit aussi bien informé. Oncle Kern... ou des notes lui appartenant.

J'acquiesçai vaguement et le suivi dans les couloirs, me préparant mentalement à totalement devenir Kafée pour quelques heures. Il ne s'agissait plus d'une conversation perdue dans un repas, ni de rabaisser Nikolas.

Je devais être Kafée.

Nikolas, qui me devançait, devait penser la même chose, car je pus observer son pas naturellement souple et félin devenir mou et légèrement traînant.

Nous descendîmes quelques escaliers jusqu'à atteindre ce que je présumai être le rez-de-chaussée du bâtiment des Nyfødt.

— Nous sommes derrière l'amphithéâtre, m'indiqua mon prédécesseur.

Il s'arrêta devant une porte boisée assez sobre, qui s'enfonçait imperceptiblement dans le mur rouge carmin, encadrée par deux lumières jaunâtres.

En m'approchant, je pus surprendre de lointains éclats de voix joyeux.

Je poussai résolument la porte, et nous entrâmes.