Selena - Les Lunes Jumelles

XXXXV. Blague ?

Je descendis en vitesse, mes trois (et seuls) sacs entassés sur mon dos, et le reste des armes dans les bras... Je me demandais si Nikolas n'avait pas emporté plus d'armes que d'affaires personnelles, il y en avait tellement !

Arrivée en bas, essoufflée par la descente des trois vieux escaliers, et le cœur encore affolé de la chute vertigineuse que je venais de faire - involontairement- du premier étage, je me traînai vers la porte d'entrée, qui étais grande ouverte, en me félicitant de savoir léviter...

A peine fus-je à l'extérieur, qu'un frisson me traversa des pieds à la tête. Dehors, une pluie fine mais glacée tombait, et un petit vent insupportable les envoyait sur mon visage.

Il devait être dans la petite grange, à quelques mètres de là. Je me glissai tant bien que mal entre les vaches placides, qui ne bronchèrent pas, se laissant bousculer par mes sacs et piquer le derrière par des armes.

Adorables vachounettes.

En effet, Nikolas s'affairait à tirer quelque chose dans le grenier pleins de paille et de vieilles choses.

Je lévitai, et me posai à côté de lui.

-Qu'est-ce que tu fais ? Est-ce que tu as besoin d'aide ? minaudai-je, ça m'a l'air difficile tout ça...

Nikolas s'arrêta, et passa la main dans ses cheveux ébènes. Désignant mes bras, il se moqua :

-Tu penses que tu peux m'aider ?
Et reprenant l'objet en question, il réussit à le sortir

-T'as de la chance... grognai-je, et plus sérieusement, qu'est-ce que tu veux faire avec ce grand carton ? Nous envoyer en colis ?

Il eut un sourire en coin malicieux, non sadique, et me répondit le plus naturellement du monde:

-Tout à fait, Selena.

Devant mon air ahuri, il s'expliqua :

-On va faire léviter ce carton, dans le ciel, et pour cela, j'aurai besoin de ton énergie.

Irrécupérable. Ce type était irrécupérable. Je lui ai déjà dit pourtant qu'il ne peut pas prétendre à une carrière de comédien...S'il commence par la chute...

-Ah. Ah. Ah.

Cette fois-ci, il sourit franchement, et s'enfonçant dans sa blague ratée, il hocha la tête, et d'une main, saisit le carton, et de l'autre, mon bras.

Au sol, il commença à remplir l'immense carton, qu'il avait disposé de façon à que l'ouverture soit sur le côté, comme... une porte.

Oh non.