LV. Porte Ouverte

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Je fus réveillée de la manière la plus agréable qui soit par Nikolas : il ouvrit la « porte » ; qui, certainement à cause de la vitesse, s'était retournée, et trouait donc le « sol » du carton ; me faisant me réveiller en sursaut, en tête à tête avec le sol norvégien (le vrai cette fois-ci, au vu de sa distance).

-Mais ça ne va pas ! hurlai-je surprise, il te manque une case, Nikolas, on ne réveille pas quelqu'un qui a sauvé sa vie la veille en le balançant dans le froid !

Il tiqua, mais répliqua aussitôt :

-Qui a sauvé la tienne aussi...

Soupirant devant tant d'obstination, j'admirai le paysage qui s'étalait sous nous. Car oui, c'était magnifique.

Le carton survolait une immense forêt, toute enneigée, au-dessus d'une route que l'on ne discernait que grâce au long sillon en son milieu, dépourvu d'arbre.

Je refermai le trou béant, et frissonnai. Jetant un regard à Nikolas, je vis qu'il était en train de se chauffer du café avec son Electrokinésie.

-Dis-moi Nikolas, pourquoi ta famille te pourchasse ? L'interrogeai-je, faisant référence à notre mésaventure sur le bateau irlandais.

Je n'avais jamais osé lui poser cette question auparavant.

Il cessa de faire briller ses doigts autour de la tasse et, levant lentement l'œil sur moi, il répondit d'un ton désinvolte :

-Depuis que je suis né, elle m'a toujours considéré comme un porte-malheur, et ça s'est empiré après la mort de ma mère.

Sa voix se cassa sur ces derniers mots, me prouvant bien que cette révélation -quelque peu étonnante de sa part- ne le laissait qu'en apparence indifférent.

-A quel âge ? Demandai-je, doutant d'avoir une réponse.

Et pourtant, il me la donna, sous forme d'un murmure inaudible :

-Sept ans.

Perdre sa mère à sept ans, être haï par sa propre famille... Je crois qu'on peut qualifier son enfance de « malheureuse ». Nikolas, sous sa carapace de mauvaises manières avait finalement peut-être...

Selena - Les Lunes JumellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant