XXVIII.Fièvre

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Je clignai des yeux. La chaleur était étouffante, mes cheveux collaient à mes tempes et je respirai difficilement.

Je regardai autour de moi. 

Nikolas et moi étions assis dans le pick-up, plongé dans l'obscurité, et il avait reculé le siège passager pour  me mettre dans une position semi-allongée. 

Nikolas était plongée dans une carte compliquée et, les sourcils froncés, semblait faire quantité de calculs alambiqués.

-Il fait chaud ici, tu ne trouves pas ?

Il leva la tête, secouant ses boucles ébènes:

-Regarde dehors.

Interloquée, j'observai les vitres couvertes de buée, et à travers... de la neige ! Le peu du paysage que je voyais était blanc de blanc.

-Mais où sommes-nous ?

Nikolas ne répondit pas immédiatement, mais il finit par sortir de son mutisme, et déclara (grogna): 

-Dans un endroit enneigé. 

Whaou. Il avait du réfléchir longtemps avant de sortir cette "plaisanterie".

-Ce n'est pas drôle. 

-Ce n'est pas une blague. Je ne sais vraiment pas où on est, répondit-il malicieusement, un sourire au coin.

 -Nikolas...

Il déplia son grand corps félin qu'il avait plié pour pouvoir lire la carte, et rangeant cette dernière, posa ses jambes sur le tableau de bord, et croisa ses longues mains derrière sa tête. 

-Nikolas...répétai-je plus fort, comment est-ce que tu peux être aussi...immature dans de telles situations? Tu m'as sauvée tout à l'heure, mais c'était pour mieux me piéger ?

Je pensais l'atteindre en disant cela. Mais il ne me démentit pas:

-Si tu le penses... Les circonstances parlent d'elles-mêmes, non ?

Il me regarda fixement.

-Elles m'obligent à croire ça, plutôt. Ça ne te gêne pas ?

Il éluda, et ferma les yeux, feignant dormir profondément.

Insupportable.

En réalité, je le soupçonnais d'avoir honte de me dire clairement qu'il avait cherché à me protéger, à plusieurs reprises... comme si c'était honteux...

Je commençais à somnoler quand je l'entendis soudainement me chuchoter:

-Au fait Selena, je...je tiens à m'excuser pour t'avoir accusée d'être responsable de la mort de Kern, c'était sous le coup de l'inquié... de la colère.

Je me rendais compte, même dans le demi-sommeil où j'étais plongée, qu'il avait pris sur lui pour me murmurer ces excuses.

Mais je ne pus lui répondre, car je basculai déjà dans un lourd sommeil sans rêve...







Selena - Les Lunes JumellesWhere stories live. Discover now