4- Un corps parfait

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La complicité que je partage avec Han explique notre difficulté à rester en couple, chacun de notre côté, pour une longue durée. Nous nous suffisons à nous-mêmes, que ce soit émotionnellement comme sexuellement.  Un certain équilibre a été créé sans réellement laisser de place ou de chance aux éléments extérieurs. Mais je refuse de me pencher sur la question pour ne pas avoir un problème sous-jacent à solutionner.
Tandis que je m'éloigne dans la salle de bain pour une douche complète, Han m'admire depuis le lit et chouine lorsque j'efface les traces de son plaisir sur mon visage.

— Tu me proposes de dormir ici?
— C'est une façon bien peu romantique de demander si tu peux encore avoir l'occasion de me baiser.
— C'est toi qui m'a fait venir, se défend-il.
— Dans la vie, il faut savoir se faire désirer, Han Jisung.

Appréciant peu ma provocation face à sa gentillesse et son affection flagrante, Han profite de mon retour dans la chambre pour m'envoyer les oreillers en pleine tête, puis passe à des choses plus lourdes comme le dernier magazine people que je lisais, la boîte de mouchoirs et mon godemiché. Étant surprise par le dernier objet, je me fige de stupéfaction et le prends en plein front, avec une force conséquente. Mon meilleur ami éclate peut-être de rire mais je grimace devant la douleur du coup. Je n'ai pas besoin de me regarder dans le miroir pour savoir qu'une marque se prépare. Mon visage exprime aussitôt de la colère, embêtée qu'un bleu puisse faire son apparition et donner du grain à moudre aux journalistes. Personne ne croirait la version réelle.

Obligée de me soigner avec les moyens du bord, j'enfile une nouvelle culotte ainsi que ma nuisette pour quitter la chambre dans la précipitation. Aucun garde ne se trouve en position contre ma porte, s'attendant certainement à ce que les galipettes s'éternisent toute la nuit. J'entame donc ma descente de quelques marches avant qu'une aura imposante ne quitte le poste de surveillance pour me suivre dans la cuisine. Namjoon m'observe silencieusement récupérer un sachet de petits pois et le poser sur mon front.

— C'est quel type d'accident? Me demande-t-il.
— Si je te dis un gode en pleine tronche?
— Le gamin ne sait pas situer le trou depuis tout ce temps?

Le manque de tact dans ses mots me prend au dépourvu et je ne dis rien quand il enroule le sac alimentaire d'un torchon pour éviter que je ne me brûle la peau avec le froid. Je le savais, pourtant la présence de cet homme dans un espace qui me semble maintenant restreint, me rend fébrile.

— T'as tout de même pris ton pied? Me demande-t-il avec un sérieux déroutant.
— Oui, merci de t'en inquiéter.
— Mais je suis à ton service, Jiu. Je peux même virer de ta chambre cet incompétent s'il t'ennuie un peu trop.
— Je crois que je vais juste me contenter de tes talents d'infirmier pour ce soir.

À la désignation de cette compétence, Namjoon se rappelle ma blessure légère et s'approche si près que je peux distinguer le marron foncé de ses yeux. La gêne de la proximité me fait cligner des paupières alors que je me force à ne pas l'admirer d'avantage. Mon impolitesse doit le mettre plus que mal à l'aise. Le grain de sa peau est si lisse que je jalouse la nature généreuse et maudis les quantités de crème que je dois m'infliger. La forme de son visage pourrait approcher la perfection, avec des lèvres bien proportionnées et une fossette qui ne se dévoile que dans de rares occasions.

— La nuit te tente? Me susurre-t-il avec tant de douceur que ses mots sont une caresse qui réchauffe ma peau.

Je relève mes pupilles pour croiser les siennes et m'assurer que j'ai bien entendu sa proposition explicite.

— Toute... la nuit?
— Oui, tu es tentée de garder le gigolo dans ton lit jusqu'au petit matin ou tu veux que j'allège ta souffrance ?

Je masque difficilement cette déception d'avoir cru comprendre une situation qui en était l'inverse. Je ne suis décidément qu'une assoiffée de sexe qui mériterait bien de calmer ses ardeurs pour ne plus fantasmer sur tout ce qui bouge.

— Han ne me pose aucun souci et il dormira ici. On a cours un peu plus tard demain.
— Je décommande donc le réveil militaire que je t'avais prévu avec le footing.
— Ça vaut mieux si tu ne veux pas avoir à affronter un ours.

Qui a des bras d'une épaisseur colossale. Je ne suis pas sûre qu'avec mes deux mains réunies, je puisse en faire le tour. Nul doute qu'un torse de rêve doit se cacher sous sa chemise qui mériterait bien un petit verre d'eau pour dévoiler quelques secrets.

— J'attends encore un peu pour te laisser terminer de me reluquer ou nous pouvons remonter?

La honte me frappe de plein fouet. Si le chef de la sécurité ne se prive pas d'un fou rire qui m'a l'air agréable, je souhaite subitement me cacher derrière des couches de vêtements que je n'ai pas. Preuve en est, cette nuisette dévoile les pointes de mes seins excités, quand ce n'est pas ma culotte qui partage un parfum reconnaissable pour tout homme pratiquant l'art du sexe.

— Je ne faisais que m'assurer que tu es capable d'intervenir sur le terrain pour me sauver d'un horrible danger. Tu es peut-être très fort mais rien ne me dit que tu saurais déplacer mon corps si j'étais victime d'agression.
— Ne dis pas de bêtises, Jiu, je pourrais te porter avec un seul bras.

Son défi ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd puisque je n'y crois pas une seconde. Les mains sur mes hanches, j'oublie un instant le coup sur ma tête dont la douleur a totalement disparu et fixe mon chef de la sécurité, de vingt centimètres plus grand que moi.

— Prouve-le-moi.

Alors que je m'attendais à une explication scientifique sur la circonférence des muscles du biceps qui demandent un échauffement de trente minutes pour pouvoir se mettre en action, Namjoon passe son fameux bras sous mes fesses pour se saisir de ma cuisse. Mon corps est soulevé et ma nuisette dévoile sans gêne ma culotte à quiconque se trouverait derrière moi. Je m'accroche, les jambes de part et d'autres de sa hanche, comme on porterait un jeune enfant ou plutôt une petite amie excitée.

— Tu disais ?

Je note que cet employé me rabat un peu trop souvent le caquet, alors je ne me prive pas de rajouter une difficulté dans le défi.

— Personne n'a dit que le poste de secours était sur place. Je te rappelle que je suis inconsciente et que tu dois me ramener... dans ma chambre!

Pour parfaire mon rôle, je m'avachis contre son torse mais m'accroche tout de même à son cou pour éviter la chute. Un coup pour la soirée me suffit.

— C'est avec plaisir que je m'engage dans cette mission.

Sa mise en route ne lui demande aucun effort. Je ne me suis jamais sentie aussi légère alors qu'un simple bras me retient contre un corps. La montée des marches n'est qu'une formalité pour cet accro du sport, jusqu'à ce qu'il s'arrête avant le palier de l'étage. À ce moment, sa jambe surélevée formant un angle droit me fait glisser un peu plus contre ce mur d'abdominaux. Son regard en dit long sur ce jeu entre nous qui frôle l'indécence. Et comme à chaque fois que je parviens à obtenir quelque chose facilement, je ressens une étrange déception ou insatisfaction qui noie la joie débordante que je recevais.

— Je crois que l'on peut dire que la mission est accomplie. Merci Namjoon.
— C'était un plaisir. Dépêche-toi maintenant, ne fais pas trop attendre l'incompétent.

Son pic de dernière minute ne m'étonne même pas. Ses mains immenses manipulent mon corps avec une facilité déconcertante pour que je me retrouve à nouveau sur mes pieds et la chaleur de mon garde du corps qui m'est privée provoque un vide désagréable. Je me motive donc à entrer dans ma chambre avec précipitation pour trouver Han endormi. Cette vision ravive la tendresse que j'éprouve pour lui et me pousse à me glisser contre lui pour un moment qui sera finalement de détente.

Bodyguard : Le Soldat et la PromiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant