24- Les menaces

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Chris

Jiu dort encore à poings fermés que je me permets de m'éloigner d'elle pour régler les problèmes à ma portée. Mon collègue Hoseok s'est enfin décidé à revêtir une chemise, de peur que notre petite patronne ne le surprenne à nouveau à son aise. Cet espace isolé étant malgré tout le nôtre, nous y avons tout de même des obligations et je suis certain que s'imaginer sur une plage à Hawaï n'en fait pas partie. Jin occupe toujours le poste de surveillance et refuse de toucher aux moindres boutons, n'étant pas très compétent en informatique. Je m'incruste sans difficulté à ses côtés et passe en revue les différentes caméras pour retrouver notre bon chef de la sécurité, adepte des deals qui avantagent ses intérêts personnels. J'avoue que pour le coup, cela allait aussi dans mon sens mais je me priverai bien de l'en informer et compte plutôt appuyer là où ça fait mal.

Ma destination est donc la cuisine où je le vois pianoter sur son téléphone, transpirant de sueur après son sport de défoulement. Ne pas être celui qu'elle choisit a dû être blessant pour son égo, et je cacherai bien que je l'aie récupéré des bras d'un autre pour des motivations personnelles. Dernièrement, mes envies parasitent la réussite de mes objectifs. Je me refuse de penser à ses seins que j'ai dégustés avec passion alors que l'idée était de nouer une amitié et non un désir. Mais je suis peut-être plus mordu qu'elle puisqu'elle ne s'est pas privée de coucher avec un autre malgré mes avertissements.

Je donne la consigne aux deux empotés de s'assurer qu'elle reste bien confinée dans la chambre tandis que je m'en vais à la recherche du chef. Mes foulées sont grandes et pressées. Ça ne me plaît pas de la savoir vulnérable. Il est difficile de croire qu'elle a été entre leurs mains pendant toutes ces années et qu'il n'y a pas eu d'incidents majeurs. Je dois certainement arriver au bon moment. 
En tout cas, lorsque je fais mon entrée, je perds l'effet de surprise puisque Namjoon m'attend en faisant retomber ses doigts rythmiquement sur la table. Je réalise que l'un des deux du haut a dû l'alerter de ma venue. La loyauté est donc au moins un point positif ici, mais j'en suis exclu. 

— Tu me cherchais ? Entame le chef pour marquer son ascendant.
— Pose ton téléphone et cesse ton compte-rendu. Son passage au domicile de Han Jisung et l'accueil de ce petit con n'ont pas besoin d'être notifiés puisque je ferai en sorte qu'il s'en aille dès les premières lueurs.
— La rétention d'informations est une faute professionnelle. Il ne me semble pas que je doive te l'apprendre, vu l'endroit d'où tu sors.

Cette attaque volontairement douloureuse a pour but de m'angoisser afin de me faire savoir qu'il s'est renseigné à mon sujet. Cependant, ce type ignore que j'ai validé moi-même chaque donnée rendue publique. Mais ce serait décevant de le voir perdre son arrogance dans la seconde donc j'accepte de jouer le rôle de la victime paniquée.

— Je ne savais pas qu'on pistait ses propres collègues. Je ne suis pas l'ennemi, à moins que je ne possède quelque chose que tu envies ? Peut-être mes connaissances en droits ?
— J'ai fait remonter tes moments enfermés dans sa chambre. Monsieur Choi est trop pris par sa campagne pour se rendre compte de cette inacceptable situation mais bientôt tu connaîtras sa colère. Ou juste ton licenciement. 
— En effet. A t'entendre, je vais prochainement me faire gronder par papa. Regarde, je tremble.

S'il savait que j'ai également mentionné mes passages dans mes comptes-rendus mais en indiquant d'autres finalités que le travail universitaire, même si mes désirs perturbent légèrement mes plans. Tant que Jiu restera muette à ce sujet, je ne risque rien, et de ce que j'ai observé de cette fille, ce n'est pas une balance ou une adepte de la vantardise.

— Maintenant que les menaces sont faites, efface ton message. Elle n'a pas besoin d'une nouvelle crise humiliante.
— Jiu doit être recadrée. Cet abruti ne devrait plus la côtoyer depuis longtemps.
— Elle est majeure, vaccinée et dans le droit de te dire merde et de quitter cette baraque. Je crois que c'est une information que tu as oublié avec le temps. Ta petite puce a grandi et la garder contre son gré, loin de ses amis, serait illégal. Mais vas-y. Envoie ta merde. Provoque une nouvelle scène. Je suis sûr que tu ne te rends pas compte qu'elle est sur la corde raide sur ce qui est acceptable et possible de supporter.
— Tu n'y connais rien. Ces gamins grandissent dans ce monde. Ils sont conscients de ce qu'on attend d'eux et je n'ai jamais entendu parler de comportement déviant d'une héritière, sauf chez elle. Ils sont nés pour ça, assumer l'héritage familial, trouver un parti intéressant pour faire fructifier l'entreprise. Et les enfants feront de même. 

Je me maintiens à la table, soufflé par le terme qu'il a employé. Je ne sais pas s'il essaie de me provoquer ou s'il a perdu son humanité. 

— Mais tu t'entends ? Tu parles d'une jeune femme en droit de faire des expériences sexuelles, pas d'une transaction. Ou bien est-ce ta déception qui déballe ces inepties à l'idée qu'elle ne se soit pas tournée vers toi ? Comment est-ce que tu l'as dit devant la chambre ? Tu aurais trouvé une solution à son désir sexuelle de femme ? A ce moment-là, elle n'était plus déviante à tes yeux.
— La ferme, Bang. Je ne sais pas pour qui tu te prends mais tu oublies ta place dans cette maison. 
— Et toi, tu ignores un peu trop quand ça t'arrange tes devoirs en tant que protecteur de Mademoiselle Choi Jiu. 

Mon adversaire me dévisage avec hargne mais pose tout de même son téléphone devant moi pour que je m'assure que le compte-rendu est toujours en cours d'écriture et non envoyé. Ce soldat exaspérant espérait donc revenir dans les bonnes grâces du grand patron en dénonçant l'erreur de notre cliente avec précision. Les horaires et durée de l'ébat étaient même indiqués. Est-ce de la vengeance ? Ne préférant pas y réfléchir, je supprime chaque mot et lui rends son bien en espérant qu'il ne changera pas d'avis plus tard. 

— Je peux savoir ce que tu y gagnes dans cette histoire ? Me questionne-t-il. 
— Rien que la satisfaction de ne pas la voir une nouvelle fois pleurer. Mais peut-être que tu prends ton pied avec ces humiliations ? 
— Je t'emmerde, Bang. Joue les héros mais de toute façon, je ne suis pas le seul concerné par ce fait. Tu as oublié Changbin, Felix et Hyunjin qui ont été aux premières loges. 
— Je vais m'occuper de ces trois-là. J'ai juste voulu commencer par le plus décevant de la bande. 

La caméra ne manque pas le doigt d'honneur qu'il m'invite à enfoncer dans la zone obscure de mon corps et je quitte les lieux avec l'objectif d'appeler personnellement chacun des trois novices en protection. Au programme, menaces et silence pour tous dans un premier temps, puis jet par la fenêtre de ce qui occupe en ce moment le lit de ma princesse. 

Bodyguard : Le Soldat et la PromiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant